Tribunal Pikine-Guédiawaye : Pour une querelle de voisinage, le marabout Gallo Guèye et le menuisier Touba Sylla encourent 3 mois de prison

Le procureur de la République a requis une peine de trois mois ferme contre le marabout Gallo Guèye et le menuisier Touba Sylla. Arrêtés pour une querelle de voisinage, ils ont comparu, ce vendredi, devant le tribunal de Pikine-Guédiawaye.

Pour une banale querelle de voisinage, le marabout Gallo Guèye alias "Kenbougoul" et le menuisier Touba Sylla ont soldé leurs comptes, ce vendredi, devant la barre des flagrants délits du tribunal de Pikine-Guédiawaye. Touba Sylla a utilisé dans son atelier, près du domicile de Gallo Guèye, un engin de gros cylindre pour couper du bois. Le bruit émis par la machine a perturbé la quiétude du voisinage. L’histoire a fini par une rixe entre le marabout, ses gardes du corps et Touba Sylla. Les deux hommes ont été arrêtés par la police de Diamaguene Sicap-Mbao, sur ordre procureur de la République de Pikine-Guédiawaye.

En détention provisoire depuis le 28 janvier 2024, Gallo Guèye et Touba Sylla ont raconté leur différend devant le juge.

« Le bruit nous empêche de travailler tranquillement»

Poursuivi pour menace de mort, violence et voies de fait, Gallo Guèye déclare : « Je n'ai pas de problème avec Touba Sylla, mais avec son bailleur Serigne Sidy Ahmed Mbacké, un guérisseur comme moi. Lorsque je me suis installé près de lui, tous ses clients ont sollicité mes services. Ce qu'il ne peut pas digérer. C'est ainsi qu'il a monté Touba contre moi. Il est venu installer en face de moi un atelier dans lequel il utilise trois machines à couper du bois qui font un bruit infernal qui nous empêche de travailler.»

Avant de poursuivre : « J'ai interpellé le délégué du quartier qui est venu lui parler. Il avait suspendu l'utilisation de la machine. Trois mois après, Touba a repris de plus belle. J'ai saisi la mairie de Tivaouane-Diacksao pour un règlement de cette affaire. Après plusieurs tentatives sans succès, un jour, alors que je m'apprêtais à sortir, il m’a interpellé. Je lui ai dit de ne pas m'adresser la parole. Il s'en est suivi une dispute. C’est ainsi que mes gardes sont intervenus en me retenant à l'intérieur de la maison», a déclaré le marabout.

Interpellé sur les menaces de mort, il a soutenu : « Lors des altercations, mon sac est tombé. C'est ainsi qu'il a vu mes armes. C’est pourquoi il dit que je voulais les utiliser contre lui. Je suis détenteur d'une autorisation de port d'arme, car je circule avec de l'argent », dit-il.

« C’est normal, c’est un atelier de menuiserie»

En réponse à ces accusations, Touba Sylla a rétorqué : « Je suis menuisier bois. Je tiens mon atelier au quartier Tableau Tivaouane, en face de la maison de Gallo Guèye. Dans cet atelier, j'ai des machines toupie servant à faire la décoration de menuiserie. C'est une machine électrique qui produit normalement du bruit, mais c'est un outil de travail. Je ne l'allume pas pour jouer. J'ai aussi une machine dénommée circulaire à main. Elle produit aussi du bruit. Je précise que c’est un atelier de menuiserie, donc, forcément, je fais du bruit en travaillant », a soutenu le menuisier avant de prendre l’engagement de déplacer ses machines.

Son avocat, Me Pape Mor Niang, a estimé que les gros bras du marabout l’ont violenté. Et pour réparation du préjudice, il a réclamé la somme d’un million de francs CFA. Une demande que Me Aly Ndiaye a jugé exorbitante pour le compte du marabout.

Dans ses observations, le procureur de la République a demandé au juge de déclarer coupable tous les deux prévenus des faits qui leur sont reprochés. Il a requis trois mois de prison ferme à tous les deux et une amende de 200 000 F CFA. La défense a plaidé la relaxe.

L’affaire est mise en délibéré au 3 février 2025.