À Guédiawaye, ce qui aurait dû être un simple stage de fin d’études dans une banque s’est transformé en cauchemar judiciaire. Un jeune stagiaire à l’agence de Mbao est accusé d’avoir détourné plus de 16 millions de FCFA pour les injecter dans des paris sportifs en ligne. L’affaire, jugée lundi par le Tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye, soulève la question de l’addiction au jeu, même dans un environnement bancaire.

De 2,9 à 16 millions : la spirale du “pari miracle”

Tout commence lorsqu’une cliente vient déposer 2,9 millions de FCFA pour l’ouverture d’un compte. En l’absence du directeur, le stagiaire encaisse l’argent et le dépose dans un tiroir. Mais à son retour, l’enveloppe a disparu. Pris de panique, il tente de « se refaire » via la plateforme 1xBet, espérant reconstituer les fonds avant que l’affaire ne soit remarquée.

Piratage interne à la banque

Pour exécuter son plan, le stagiaire profite de l’absence d’une collègue chargée de clientèle pour utiliser son poste de travail et pénétrer le système. Il cible alors un compte client, en modifie les coordonnées et y insère son propre numéro de téléphone. Cela lui permet de créer un identifiant bancaire et d’effectuer une série de virements frauduleux vers un compte complice, pour un total de 14 millions FCFA. En y ajoutant les 2,9 millions initiaux, le préjudice global s’élève à 16,624 millions FCFA.

Silence, contradictions et un complice inconnu ?

L’enquête mentionne également un autre individu, cité par un client victime de retraits injustifiés. Le stagiaire, toutefois, nie toute implication de cette personne, affirmant simplement : « Je ne sais pas comment il a procédé. »

Le procès : entre honte bancaire et drame humain

À la barre, l’avocat de la banque exprime son indignation :
« L’image de la banque a été gravement ternie. On ne sait même pas s’il a réellement parié cet argent. Aucun reçu. Aucune preuve. Il parle de jeux, mais la banque a payé. »

Le procureur évoque un détournement méthodique et requiert un an de prison ferme, soulignant la faute pleine et entière du stagiaire.

La défense plaide pour une lecture humaine de l’affaire :
« C’est un jeune brillant, fils unique, malade, victime des jeux de hasard. Il n’a jamais nié les faits. Il a fauté. Donnons-lui une chance de se relever. »

Verdict attendu, avenir suspendu

Le tribunal rendra son délibéré le 8 juillet. En attendant, le stagiaire reste en détention, privé de liberté… et d’avenir. À 26 ans, il a misé son futur sur un pari en ligne, sans jamais encaisser le moindre gain.