Selon la décision du tribunal, la prévenue devra également verser :
500 000 FCFA d’amende au Trésor public,
1 000 000 FCFA à titre de dédommagement à la mère du bébé décédé.
Cette décision, bien que relativement clémente sur le plan pénal, constitue un signal fort à l’égard des professionnels de santé impliqués dans des situations similaires où la responsabilité humaine et déontologique est mise en cause.
Les faits remontent à plusieurs mois. Une femme enceinte, en situation d’urgence obstétricale manifeste, s’était présentée aux urgences de l’hôpital Heinrich Lübke.
D’après l’enquête du parquet et les témoignages recueillis, la sage-femme de garde aurait refusé l’admission immédiate, invoquant l’absence de dossier ou des procédures administratives non complétées.
La patiente, livrée à elle-même, aurait fini par accoucher devant la structure sanitaire, sans assistance médicale adéquate. Le nouveau-né n’a pas survécu.
Un drame glaçant, qui avait profondément choqué la population de Diourbel, relançant les critiques récurrentes sur les dysfonctionnements dans certains établissements de santé du pays.
Au cours du procès, la défense a tenté de contextualiser la situation en évoquant :
des effectifs insuffisants,
un service débordé,
des conditions de travail difficiles,
et l’absence d’un protocole clair en cas d’admission urgente sans dossier préalable.
Des arguments que le tribunal n’a pas jugés suffisants pour justifier le refus d’assistance à une parturiente en détresse.
Du côté de la famille de la victime, le sentiment est partagé entre amertume et apaisement relatif.
La mère, toujours traumatisée par l’accouchement vécu dans la rue, a déclaré que « rien ne pourra ramener son bébé, mais la justice a au moins reconnu la faute ».
La famille estime toutefois que la peine reste légère au regard de la gravité des faits, même si elle salue la condamnation comme une première étape.
Cette affaire met une nouvelle fois en lumière :
la nécessité de réformer le système d'accueil des urgences,
la mise en place de procédures claires pour les cas obstétricaux critiques,
la question de la responsabilité pénale des soignants,
et les lacunes structurelles dans certaines maternités du pays.
Le syndicat des sages-femmes, tout en exprimant sa compassion envers la famille, a rappelé l'urgence d'améliorer les conditions de travail et les plateaux techniques pour éviter que de tels drames ne se reproduisent.
Même assortie du sursis, cette condamnation crée un précédent. Elle interpelle les professionnels de santé sur leurs obligations déontologiques, tout en mettant en lumière la nécessité pour l’État de renforcer les moyens humains et logistiques dans les structures sanitaires, notamment dans les régions.
Le dossier du nouveau-né décédé devant l’hôpital Heinrich Lübke restera comme l’un des drames médicaux les plus marquants de l’année 2025, révélateur des limites d’un système hospitalier parfois à bout de souffle — et qui appelle plus que jamais à des réformes profondes.

