À Gabès, le complexe du Groupe chimique tunisien est surnommé « El Ghoul » (l’ogre, en arabe) par les habitants en colère. Une métaphore qui témoigne à la fois de son côté suffocant et invasif, mais aussi de son aspect mythique. Depuis sa mise en marche en 1979, ce complexe a progressivement catalysé tous les maux de la ville, même si l’ampleur de la pollution qu’il produit n’a fait l’objet de réelles études que depuis les années 2000.
« Vous vous rendez compte de ce qu’aurait été Gabès s’il n’y avait pas eu le Groupe chimique ? Au même moment où on l'inaugure, la ville était en train de construire un hôtel supposé accueillir les touristes, il n’a jamais ouvert », déplore un habitant en marge des manifestations. Autrefois prospère sur le plan de l’agriculture et de la pêche, Gabès, ville de 410 847 habitants, est aussi connue pour posséder l’une des seules oasis littorales au monde. « Mais aujourd’hui, ni nos grenades, ni notre henné n’ont de goût ou d’odeur avec la pollution », déclare Zouari Houma, un habitant de Gabès. Dans la ville, les habitants expriment ouvertement leur colère depuis que plus de 200 cas d’intoxication au gaz émanant du Groupe chimique ont été recensés ces deux derniers mois.
De nombreuses personnes exposées au gaz industriel
Ces intoxications seraient probablement dues à l’émission de gaz lors de la transformation du phosphate en engrais, faute d’une enquête ou d’une déclaration officielle du Groupe chimique tunisien sur les derniers évènements. Seuls les examens médicaux de certains enfants confirment des troubles respiratoires et de la vue, liés à une « exposition au gaz industriel ». Beaucoup ont dû aller compléter leurs soins et leur examen à l’hôpital de la Rabta à Tunis, l’hôpital de Gabès n'étant pas en mesure de faire face à la vague de cas qui sont arrivés ces derniers mois, selon les témoignages des familles.
Khemaïs Bahri, ancien ingénieur du Groupe chimique tunisien dans les années 90 et aujourd’hui entrepreneur dans une holding sur l’industrie énergétique – qui a pour client le Groupe chimique tunisien – explique que trois usines fonctionnent dans le groupe, celle qui transforme le phosphate en DAP, l’engrais que la Tunisie exporte principalement vers les marchés indien et européen, une autre qui produit l’acide phosphorique et une troisième qui produit l'ammonitrate. Chacune émet des gaz qui doivent passer par des opérations de lavage pour éviter une pollution des alentours. « Ces dernières années, il n’y a non pas des fuites, car cela resterait au niveau local, explique-t-il, mais il y a surtout des problèmes d’entretien, et l’unité de lavage des gaz est un projet en cours, encore à l’arrêt depuis des années. D’habitude, l’usine qui travaille 24h sur 24 redémarre annuellement une à deux fois par an, mais à cause des problèmes d’entretien aujourd’hui, il arrive qu’elle redémarre plusieurs fois par an, d’où les émanations toxiques qui peuvent se dégager. »
Le ministre de l’Équipement, Salah Zouari, a d’ailleurs confirmé ce lundi 20 octobre, lors d’une séance plénière consacrée à Gabès au Parlement tunisien, ces problèmes de manque d’entretien, parlant de six projets en cours pour les résoudre, dont certains achevés à 98%. Parmi ces projets, celui de réduction des émissions de dioxyde d’azote, un autre de réduction des émissions de dioxyde de carbone des unités d’acide sulfurique et un autre pour réduire les émissions d'ammoniac. Tous devraient être achevés dans les prochains mois ou d'ici à 2026, selon ses déclarations, qui montrent aussi l’ampleur de la pollution en provenance de cette entreprise publique. « Ce qui est problématique, c’est qu’il y a eu de nombreux projets depuis la révolution pour réduire l’impact environnemental du groupe et faire de la dépollution, on sait qu’il existe des solutions, mais rien n’a jamais été jusqu’au bout », précise Khemaïs Bahri. Une équipe technique chinoise va d’ailleurs se rendre au Groupe chimique pour suivre ces opérations, selon le ministère de l’Équipement. « La Tunisie a exporté l’industrie du phosphate et son extraction en Chine, mais la Chine l’a devancée sur la question de la dépollution, car le pays a anticipé ces problèmes », ajoute l'ancien ingénieur.
« Vous vous rendez compte de ce qu’aurait été Gabès s’il n’y avait pas eu le Groupe chimique ? Au même moment où on l'inaugure, la ville était en train de construire un hôtel supposé accueillir les touristes, il n’a jamais ouvert », déplore un habitant en marge des manifestations. Autrefois prospère sur le plan de l’agriculture et de la pêche, Gabès, ville de 410 847 habitants, est aussi connue pour posséder l’une des seules oasis littorales au monde. « Mais aujourd’hui, ni nos grenades, ni notre henné n’ont de goût ou d’odeur avec la pollution », déclare Zouari Houma, un habitant de Gabès. Dans la ville, les habitants expriment ouvertement leur colère depuis que plus de 200 cas d’intoxication au gaz émanant du Groupe chimique ont été recensés ces deux derniers mois.
De nombreuses personnes exposées au gaz industriel
Ces intoxications seraient probablement dues à l’émission de gaz lors de la transformation du phosphate en engrais, faute d’une enquête ou d’une déclaration officielle du Groupe chimique tunisien sur les derniers évènements. Seuls les examens médicaux de certains enfants confirment des troubles respiratoires et de la vue, liés à une « exposition au gaz industriel ». Beaucoup ont dû aller compléter leurs soins et leur examen à l’hôpital de la Rabta à Tunis, l’hôpital de Gabès n'étant pas en mesure de faire face à la vague de cas qui sont arrivés ces derniers mois, selon les témoignages des familles.
Khemaïs Bahri, ancien ingénieur du Groupe chimique tunisien dans les années 90 et aujourd’hui entrepreneur dans une holding sur l’industrie énergétique – qui a pour client le Groupe chimique tunisien – explique que trois usines fonctionnent dans le groupe, celle qui transforme le phosphate en DAP, l’engrais que la Tunisie exporte principalement vers les marchés indien et européen, une autre qui produit l’acide phosphorique et une troisième qui produit l'ammonitrate. Chacune émet des gaz qui doivent passer par des opérations de lavage pour éviter une pollution des alentours. « Ces dernières années, il n’y a non pas des fuites, car cela resterait au niveau local, explique-t-il, mais il y a surtout des problèmes d’entretien, et l’unité de lavage des gaz est un projet en cours, encore à l’arrêt depuis des années. D’habitude, l’usine qui travaille 24h sur 24 redémarre annuellement une à deux fois par an, mais à cause des problèmes d’entretien aujourd’hui, il arrive qu’elle redémarre plusieurs fois par an, d’où les émanations toxiques qui peuvent se dégager. »
Le ministre de l’Équipement, Salah Zouari, a d’ailleurs confirmé ce lundi 20 octobre, lors d’une séance plénière consacrée à Gabès au Parlement tunisien, ces problèmes de manque d’entretien, parlant de six projets en cours pour les résoudre, dont certains achevés à 98%. Parmi ces projets, celui de réduction des émissions de dioxyde d’azote, un autre de réduction des émissions de dioxyde de carbone des unités d’acide sulfurique et un autre pour réduire les émissions d'ammoniac. Tous devraient être achevés dans les prochains mois ou d'ici à 2026, selon ses déclarations, qui montrent aussi l’ampleur de la pollution en provenance de cette entreprise publique. « Ce qui est problématique, c’est qu’il y a eu de nombreux projets depuis la révolution pour réduire l’impact environnemental du groupe et faire de la dépollution, on sait qu’il existe des solutions, mais rien n’a jamais été jusqu’au bout », précise Khemaïs Bahri. Une équipe technique chinoise va d’ailleurs se rendre au Groupe chimique pour suivre ces opérations, selon le ministère de l’Équipement. « La Tunisie a exporté l’industrie du phosphate et son extraction en Chine, mais la Chine l’a devancée sur la question de la dépollution, car le pays a anticipé ces problèmes », ajoute l'ancien ingénieur.