Menu
Le Portail de Thiès sur le Web
L'Actualité au Sénégal

Thiès – Tribunal : Un étudiant condamné, son ami innocenté dans une affaire de drogue


Rédigé le Dimanche 7 Décembre 2025 à 18:18 | Lu 49 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


L’affaire, jugée vendredi dernier devant le tribunal des flagrants délits de Dakar, met en lumière une dérive inquiétante : la banalisation du chanvre indien parmi une frange de plus en plus jeune de la population estudiantine.


Deux camarades de l’Université Cheikh Anta Diop, O.A. Ly et B.S. Kane, étudiants respectivement en philosophie et sociologie, se sont retrouvés au cœur d’un dossier qui aurait pu briser leur avenir académique.

 

Devant la barre, O.A. Ly n’a pas tenté de nier. Oui, il consommait. Oui, il avait été retrouvé avec du chanvre indien. Et oui, il en prenait   selon ses propres mots — pour “mieux se concentrer dans ses révisions”.

« J’étais en retard sur mes cours, j’avais besoin d’un stimulant », a-t-il expliqué calmement, sous le regard sévère du président du tribunal.

Son aveu, presque banal dans le ton, a eu l’effet d’un électrochoc dans la salle. Un étudiant censé représenter l’élite académique du pays, expliquant sans gêne qu’il fume pour “booster” ses performances : une tendance que les autorités judiciaires observent de plus en plus.

 

Le second prévenu, B.S. Kane, a lui vécu une véritable descente aux enfers pour une histoire presque dérisoire.
Il affirme avoir simplement emprunté un sac à son ami pour l’assortir à sa tenue. Sauf que dans ce sac se trouvait… un joint appartenant à O.A. Ly.

Arrêté avec l’objet compromettant, le jeune étudiant en sociologie a été catégorique :

« Je ne savais même pas qu’il y avait ça dans le sac. »

Un scénario qui aurait pu sembler invraisemblable… mais l’enquête et les auditions ont fini par confirmer sa version.

 

En s’adressant au principal mis en cause, le magistrat a tenu un discours ferme, presque paternel, mais sans concession :

« Les gens se battent pour obtenir des bourses, et vous les utilisez pour acheter de la drogue. Et regardez ce que votre comportement a entraîné pour votre ami ! »

Une remarque qui a fait hocher la tête à plusieurs dans l’assistance : au-delà du délit, c’est la responsabilité morale d’un étudiant envers ses proches et son avenir qui était ici en question.

Le représentant du ministère public a plaidé l’application stricte de la loi, rappelant la toxicomanie croissante dans les milieux universitaires et les trafics internes qui se multiplient ces dernières années.

La défense, de son côté, a insisté sur la jeunesse, le contexte académique, l’absence d’antécédents judiciaires et la volonté de repartir sur de nouvelles bases.

 

Dans sa délibération, le tribunal a tranché :

  O.A. Ly : condamné à trois jours de prison ferme, une peine symbolique mais marquante.

  B.S. Kane : relaxé, faute d’éléments prouvant qu’il avait connaissance du joint retrouvé sur lui.

Une affaire qui, malgré son issue relativement clémente, rappelle une réalité brutale : un simple geste, une “expérience” ou un oubli peut suffire à plonger un étudiant dans la spirale judiciaire.



Lat Soukabé Fall

Nouveau commentaire :