Les faits remontent au 11 juin 2024. Ce jour-là, l’ambiance festive d’un mariage organisé dans la localité bascule dans la violence. Selon les éléments du dossier, une altercation éclate entre les deux jeunes hommes, tous deux présents à la cérémonie. Quelques heures plus tard, Édouard Sène succombe à ses blessures, plongeant familles et proches dans la stupeur.
Devant les magistrats, Stanislas Diouf n’a pas cherché à nier sa responsabilité matérielle. Il a reconnu avoir porté le coup fatal à son ami, tout en rejetant catégoriquement toute intention de tuer. D’une voix souvent tremblante, l’accusé a expliqué que le drame serait né d’une jalousie qu’il n’aurait pas su maîtriser. Au centre de cette rivalité : une jeune fille nommée Agnès Dieng, présentée comme son ancienne compagne.
Selon la version livrée par Stanislas Diouf, il n’aurait pas supporté de voir son ami en compagnie de celle qu’il considérait toujours comme la sienne. Il affirme avoir été provoqué, puis frappé au visage par Édouard Sène, avant d’être invité à régler le différend dans un endroit isolé. C’est au cours de cet affrontement, alors qu’il aidait à ranger du matériel de sonorisation, qu’il aurait saisi un tournevis pour asséner un coup à la victime. L’accusé soutient n’avoir jamais visé la tête ni voulu donner la mort.
Cette version des faits est toutefois mise à mal par le témoignage d’Agnès Dieng, entendue à la barre. La jeune femme a livré un récit sensiblement différent de la soirée. Elle a déclaré qu’aux environs de 23 heures, Stanislas Diouf l’aurait brusquement bousculée, la faisant tomber. Édouard Sène serait alors intervenu pour l’aider à se relever. Face à l’attitude agressive de l’accusé, Agnès Dieng dit avoir préféré quitter les lieux afin d’éviter tout incident.
Elle a également tenu à lever toute ambiguïté sur la nature de ses relations avec les deux jeunes hommes. Selon elle, elle n’a jamais partagé de sentiments amoureux avec Stanislas Diouf et son seul petit ami était Édouard Sène. Ce n’est qu’au petit matin qu’elle a appris, avec effroi, que la dispute avait conduit à la mort de ce dernier.
Dans son réquisitoire, le procureur de la République, Aliou Dia, a rappelé la gravité extrême des faits. Pour le ministère public, la perte d’une vie humaine dans un contexte aussi futile ne saurait être minimisée. Estimant que les éléments du dossier établissent clairement la culpabilité de l’accusé, le procureur a requis une peine de dix (10) ans de réclusion criminelle contre Stanislas Diouf.
La défense, assurée par Me Souleymane Ndéné Ndiaye, a tenté d’obtenir une lecture plus nuancée des faits. L’avocat a plaidé pour une requalification de l’accusation de meurtre en « coups mortels ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Selon lui, son client aurait agi sous le coup de l’émotion et de la colère, sans préméditation ni volonté homicide. Invoquant la jeunesse de l’accusé, sa bonne foi et le caractère spontané de l’acte, Me Ndiaye a sollicité la clémence de la Chambre criminelle.
À l’issue des débats, la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Tambacounda a mis l’affaire en délibéré. Le verdict, très attendu par les familles de la victime et de l’accusé, sera rendu le 19 février prochain. Une décision qui scellera définitivement le sort judiciaire de Stanislas « Abbé » Diouf et apportera, peut-être, un début de réponse à une tragédie née d’une jalousie aux conséquences irréversibles.

