Pour le directeur du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI), Mamadou Ndiaye, la question centrale de la formation en journalisme aujourd’hui repose sur la mise en place d’une charte encadrant l’utilisation de l’intelligence artificielle. Selon lui, il s’agit d’un défi majeur pour les écoles de journalisme face à l’évolution des outils numériques.
S’exprimant mercredi à la Maison de la presse Babacar-Touré, lors de l’ouverture d’une conférence internationale consacrée au thème « Journalisme, démocratie et mutations numériques : quel avenir pour l’information fiable en Afrique ? », il a souligné la nécessité de définir clairement les règles d’usage de l’IA dans le secteur. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des célébrations marquant les 60 ans du CESTI, établissement rattaché à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Mamadou Ndiaye, également président du Réseau mondial francophone des écoles de journalisme, a rappelé que les quinze écoles de journalisme reconnues en France disposent déjà d’une charte spécifique dédiée à l’utilisation de l’intelligence artificielle.
Selon lui, l’IA est déjà présente dans les pratiques professionnelles, que ce soit pour la recherche d’informations ou certaines opérations techniques, même si elle n’intervient pas directement dans la production de contenus. Il a ainsi insisté sur l’importance d’une réglementation claire, en rappelant aux journalistes, jeunes diplômés comme professionnels, l’obligation de respecter les principes déontologiques et éthiques du métier.
Dans cette dynamique d’adaptation, le directeur du CESTI a indiqué que l’institution a procédé à des ajustements dans ses programmes, notamment avec l’intégration du journalisme web et du blogging depuis 2007. Il a également annoncé l’introduction, dès cette année, de modules consacrés à l’intelligence artificielle afin de renforcer les capacités des journalistes à interagir avec l’environnement numérique.
Pour Mamadou Ndiaye, l’IA doit être considérée comme un simple outil, dont l’usage doit s’inscrire dans un cadre défini par les rédactions. Il estime par ailleurs que l’ensemble des acteurs du paysage médiatique — journalistes, écoles, médias audiovisuels et organes de presse — doivent approfondir leur compréhension des technologies afin de les utiliser de manière appropriée.
Il a enfin précisé que cette conférence internationale de deux jours vise à interroger les transformations du métier de journaliste, ses liens avec les pouvoirs et son rôle au sein de la société. Huit grandes thématiques y seront abordées, notamment l’intelligence artificielle, le financement des médias, la liberté de la presse et la protection des journalistes. Des recommandations issues des échanges seront formulées à l’attention de l’ensemble des acteurs du secteur médiatique.

