Menu
Le Portail de Thiès sur le Web
L'Actualité au Sénégal

Six mois après le «jour de la libération», quels effets de la guerre commerciale de Donald Trump?


Rédigé le Jeudi 2 Octobre 2025 à 19:18 | Lu 40 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


Le 2 avril 2025, Donald Trump imposait de nouveaux droits de douane à la majorité des pays de la planète, lors de ce qu'il a appelé le « jour de la libération ». Inflation, impact sur la croissance, relocalisations... RFI fait le bilan, six mois après le début de l'offensive protectionniste lancée depuis la Maison Blanche.


Six mois après le «jour de la libération», quels effets de la guerre commerciale de Donald Trump?
En janvier, juste avant le retour au pouvoir de Donald Trump, les États-Unis appliquaient 2,4% de droits de douane sur les produits importés. Aujourd'hui, cette moyenne a grimpé à 17,5%, d'après les calculs de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et du Fonds monétaire international (FMI). « C'est le niveau le plus élevé depuis 1934, précise Martha Gimbel, directrice exécutive du Budget Lab de l'université Yale. Et le niveau le plus haut depuis que les États-Unis sont une économie moderne » et mondialisée.

Ce taux est toutefois à nuancer : en pondérant ces droits de douane en fonction de la valeur des importations qui arrivent effectivement aux États-Unis, « on tombe plutôt à un droit de douane moyen de 10% », précise Léo Charles, enseignant-chercheur en économie à l'université Rennes 2. Un taux tout de même bien plus élevé qu'avant le début du second mandat du président-milliardaire américain.

Combien d'accord commerciaux ont été signés ?
Plusieurs importants partenaires commerciaux des États-Unis ont accepté des accords pour mettre en place des droits de douane plus faibles que ceux que Donald Trump menaçait de leur imposer : le Royaume-Uni (10% de droits de douane), l'Union européenne, le Japon, et la Corée du Sud (15% chacun), ou encore l'Indonésie (19%)…



La Chine a aussi accepté un accord provisoire (30% de droits de douane sur les produits chinois entrant aux États-Unis, 10% sur les produits américains entrant en Chine), tandis que les négociations se poursuivent entre les deux plus grandes économies mondiales. Des accords parfois simplement annoncés verbalement, sans avoir encore été traduits juridiquement dans des traités – ce qui pourra prendre plusieurs mois voire plusieurs années pour l'Union européenne par exemple.


Quel effet le protectionnisme de Donald Trump a-t-il sur l'économie états-unienne ?
Le locataire de la Maison Blanche assure que ses guerres commerciales vont permettre de relocaliser des emplois industriels aux États-Unis, ou encore de remplir les caisses de l'État fédéral grâce à l'argent des taxes douanières. Sur ce dernier point, à première vue, le pari peut sembler « réussi » car « les États-Unis ont collecté plus de 30 milliards de dollars de droits de douane en juillet », près de quatre fois plus que le même mois de l'année précédente, souligne Léo Charles, de l'université Rennes 2. Des investissements importants ont été annoncés par des firmes étrangères pour implanter de nouvelles usines sur le sol états-unien. Mais de nombreux économistes estiment qu'il n'y aura pas de relocalisations massives de l'emploi industriel.

Enfin, concernant la croissance, si les craintes d'une récession ne se sont pas encore concrétisées, « le plus probable est que l'impact pour les États-Unis ressemble à celui du Brexit pour le Royaume-Uni : pas d'effondrement soudain et immédiat mais la croissance sera plus faible qu'elle n'aurait pu l'être. Puis, dans dix ans, on se retournera et on dira : "Attendez, pourquoi la croissance a freiné comme ça ?" », analyse Martha Gimbel.

L'inflation fait également partie des conséquences redoutées de la guerre commerciale de Donald Trump. Celle-ci ne s'est pas encore emballée mais a accéléré à 2,9% sur un an en août aux États-Unis. Pour le moment, à court-terme, « l'hypothèse confirmée par les études actuelles serait qu'en réalité, ce sont les entreprises américaines qui ont rogné sur leurs marges pour absorber cette augmentation de prix et ne pas peser sur les consommateurs », souligne Léo Charles.

Les patrons adoptent une position attentiste, « dans l'espoir que les droits de douane soient levés ou que la Cour suprême les retoque », ajoute Martha Gimbel, de l'université Yale. « Mais en fin de compte, tous ces droits de douane seront payés par le consommateur américain et les prix de certains produits ont déjà commencé à augmenter », par exemple le textile ou l'électroménager, insiste-t-elle.

Les droits de douane ont-ils autant bouleversé l'économie mondiale qu'on le craignait ?
Malgré l'incertitude très forte provoquée par les guerres commerciales de Donald Trump, le commerce mondial devrait croître de 0,9% cette année, anticipe l'OMC. Fin septembre, l'OCDE estimait que l'économie mondiale allait ralentir en 2026 à 2,9% en raison du protectionnisme de Washington, contre 3,2% en 2025.

À moyen-terme, « ​​​​​​​on s'attend à ce que les structures du commerce mondial se transforment, vers une économie mondiale moins dépendante des États-Unis. Cela peut bénéficier à des zones géographiques comme l'Union européenne ou le Royaume-Uni, au détriment des États-Unis », conclut Martha Gimbel.


Lat Soukabé Fall

Nouveau commentaire :