« La destitution de la présidente a été approuvée », a annoncé le président du Parlement, José Jerí, à l'issue d'une courte session à laquelle Dina Boluarte ne s'est pas présentée, bien qu'elle ait été convoquée. Dina Boluarte pouvait assurer elle-même sa défense ou être représentée par un avocat, a indiqué le président du Parlement monocaméral péruvien. C'est désormais celui-ci qui assume la présidence du pays.
Un « gouvernement de transition »
« Aujourd'hui, a déclaré José Jeri, j'assume avec humilité la présidence de la République, par succession constitutionnelle, afin de mettre en place et diriger un gouvernement de transition », immédiatement après avoir prêté serment devant le Parlement. Le nouveau président intérimaire assumera ses fonctions jusqu'au 26 juillet 2026. Le Pérou organise des élections générales en avril.
Pour déchoir Mme Boluarte de ses fonctions, au moins 87 des 122 députés ayant pris part au vote devaient se prononcer en faveur de sa destitution. Les principales forces politiques du Parlement monocaméral ont déposé au cours de la journée cinq motions de destitution. L'examen de quatre d'entre elles a été approuvé à la majorité par le Parlement.
Les motions invoquent une « incapacité morale permanente » de la présidente à exercer ses fonctions, selon les documents lus à l'ouverture de la session parlementaire. Dina Boluarte a déjà fait l'objet de plusieurs tentatives de destitution, sans qu'aucune n'aboutisse. Cette fois-ci, la procédure est allée jusqu'à son terme, les partis de droite et d'extrême droite qui la soutenaient jusqu'à présent l'ayant lâchée. Destituée, Dina Boluarte perd de fait son immunité et se retrouve désormais exposée à d'éventuels procès susceptibles de la conduire en prison.
Instabilité politique
Le Pérou traverse la pire période d'instabilité politique de son histoire moderne, avec six présidents en près de neuf ans. Arrivée au pouvoir après la destitution du président Pedro Castillo, dans un contexte de manifestations violemment réprimées qui ont fait au moins 50 morts, Dina Boluarte connaît une impopularité record.
Son mandat est par ailleurs entaché par plusieurs affaires, dont le scandale du « Rolexgate », portant sur des montres et bijoux de luxe qu'elle n'aurait pas déclarés, et une rhinoplastie pratiquée en juillet 2023 gardée secrète alors que la loi l'obligeait à en informer le Parlement.
Ces dernières semaines, les manifestations contre le gouvernement se sont multipliées à Lima face à la vague d'extorsions et de meurtres attribués au crime organisé.