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Madagascar: qui est Michael Randrianirina, le nouvel homme fort du régime malgache?


Rédigé le Mercredi 15 Octobre 2025 à 20:12 | Lu 48 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


Il s’appelle Michael Randrianirina et a été invité, mardi 14 octobre, par la Haute Cour constitutionnelle malgache à exercer les fonctions de chef de l’État à la suite d'un constat de vacance du pouvoir. Un temps gouverneur d'une région du sud de Madagascar, ce colonel était une voix critique du régime d'Andry Rajoelina.


La plupart des Malgaches ont découvert le visage de Michael Randrianirina samedi 11 octobre, lorsque celui-ci a, dans une vidéo, lancé un appel aux forces de sécurité pour qu'elles désobéissent à l'ordre de tirer sur les manifestants.

Âgé de 51 ans, Michael Randrianirina a été gouverneur de la région de l’Androy, d’où il est originaire, dans l’extrême sud de Madagascar, entre 2016 et 2018. Cela après avoir dirigé le bataillon d’infanterie de Tuléar, dans la région voisine de l’Atsimo Andrefana.

Pas avare de critiques contre le régime d’Andry Rajoelina, il a été incarcéré entre novembre 2023 et février 2024 à la maison de force de Tsihafay, au sud d’Antananarivo, pour « incitation à la mutinerie militaire en vue d’un coup d’État ». Il a ensuite été condamné à un an de prison avec sursis pour « atteinte à la sûreté de l’État », rappelle notre correspondant à Antananarivo, Guilhem Fabry.

Sa prise de parole de samedi dernier a précipité la chute du régime Rajoelina. C'est lui encore qui hier, mardi, après-midi, après avoir appelé ses frères d'armes à ne pas tirer sur les manifestants, avait pris la parole face à la presse : « Face au piétinement continu de la Constitution... face au bafouement des droits de l’homme, au gaspillage des trésors de la nation et en accord avec les revendications des jeunes, soutenues dans toute l’île, nous annonçons la suspension de la Constitution et nous prenons le pouvoir. »



Bien qu’étant le visage de la mutinerie, il avait jusqu’à présent minimisé son rôle. « Je suis un simple officier, un exécutant », déclarait-il ce week-end, quelques jours avant de prendre les rênes du pays. On essaie de répondre à un chaos provoqué par les dirigeants, déclarait, il y a quelques jours, Michael Randrianirina, au micro de notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud. « Il n'y a rien qui marche à Madagascar : il n’y a pas de président, il n’y a pas de président du Sénat, il n’y a pas de gouvernement ! » 

Le nouvel exécutif doit maintenant s’atteler à démontrer la légalité de sa prise de pouvoir. Un exercice extrêmement délicat, au cœur de discussions mardi soir avec les juges de la Haute Cour constitutionnelle. L’enjeu est de taille : convaincre la communauté internationale et les bailleurs qu’il ne s’agit pas là d’un coup d’État, et ainsi éviter que soient suspendus financements et projets indispensables au développement du pays. 

Le colonel Randrianirina a aussi l’intention de nommer un nouveau Premier ministre, qui sera chargé de former un gouvernement civil. Il a par ailleurs annoncé la tenue d’élections dans un délai de 18 à 24 mois maximum.  

Colonel Michael Randrianirina: « Je ne détiens pas le pouvoir... Non, je ne détiens pas le contrôle de l'armée»

Depuis l’indépendance en 1960, obtenue après la répression sanglante des contestations par l’armée française, chaque crise politique majeure s’est soldée par une intervention militaire. En 1972, la révolte étudiante partie des universités d'Antananarive renverse le premier président de la République, Philibert Tsiranana, jugé trop proche de la France. Il remet alors le pouvoir à l'armée après avoir réprimé dans le sang le soulèvement populaire. Un gouvernement militaire prend la suite, diigé par le chef d'état major Gabriel Ramanantsoa et un directoire militaire jusqu’en 1975 ; puis Didier Ratsiraka, militaire socialiste, est désigné par les soldats pour gouverner. Didier Ratsiraka sera renversé en 1990, sous la pression de la rue encore une fois. Il revient en 1996, et sera écarté en 2002 en faveur de son rival Marc Ravalomanana après des mois d’affrontements entre deux factions de l'armée. Et en 2009, c’est encore l’armée qui place le jeune maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina, au pouvoir après la chute de Ravalomanana. 


Lat Soukabé Fall

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