À Kaolack, les mototaxis, communément appelés “Jakarta”, sont devenus bien plus qu’un simple moyen de transport : ils constituent aujourd’hui une véritable source de revenus pour une grande partie de la jeunesse locale. Dans cette région où le taux d’emploi plafonne à 22,5 % selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), cette activité représente une issue face au manque d’opportunités professionnelles.
Le vrombissement des “Jakarta” rythme la vie de la capitale du Saloum. Dans le centre-ville animé comme dans les quartiers périphériques, ces motos sont omniprésentes. Partout, des groupes de conducteurs attendent des passagers, contribuant à animer les artères urbaines.
“Ce métier me permet de nourrir ma famille et de satisfaire mes besoins quotidiens”, témoigne Oumar Dia, conducteur depuis cinq ans. Pour beaucoup de jeunes comme lui, cette activité s’impose comme une planche de salut dans un marché du travail saturé. Les “Jakarta”, souvent décorées et personnalisées, assurent un service rapide et flexible, comblant les failles du transport public local. “Elles vont partout, même dans les quartiers où les taxis refusent de se rendre”, souligne Ndèye Anta Sow, vendeuse en pharmacie au quartier Léona.
Sur la route nationale n°4 menant à la gare interurbaine de Nioro, le va-et-vient constant des motos, voitures et charrettes illustre l’ampleur de ce phénomène économique.
Au “garage Nioro”, Abdou Salam, président de l’association des conducteurs de mototaxis, rappelle que “la pénurie d’emplois pousse les jeunes à adopter ce métier”. Selon lui, les revenus quotidiens peuvent varier entre 5 000 et 15 000 francs CFA selon les journées. “Le +Jakarta+ est un vrai métier. Il faut seulement distinguer les conducteurs responsables des quelques indisciplinés”, précise-t-il. Il invite également les autorités à renforcer la formation des conducteurs et à améliorer l’état des routes pour réduire les accidents.
Au-delà de son aspect économique, le “Jakarta” est devenu une marque identitaire de Kaolack. Pionnière dans ce mode de transport, la ville a inspiré d’autres localités du pays. Toutefois, le secteur demeure largement informel. Sa formalisation permettrait non seulement de garantir une meilleure sécurité financière aux jeunes, mais aussi d’élargir la base fiscale de l’État.
En attendant ces réformes, les “Jakarta” continuent de parcourir la ville, incarnant la débrouillardise et la vitalité d’une jeunesse qui refuse la résignation.