
Quand la passion brouille la raison
Ce mercredi, le Tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye a jugé une affaire qui a tenu l’assistance en haleine. À la barre, Ibrahima N., 33 ans, gérant d’un point Ria à Keur Massar, faisait face à son ancien patron Maguèye N., pour abus de confiance portant sur plus de 5,8 millions de francs CFA.
Son tort ? Avoir financé son propre mariage avec l’argent du travail.
Tout avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices : compétence, rigueur, confiance totale. Mais derrière cette façade exemplaire, Ibrahima falsifiait les factures et manipulait les codes de transfert, trompant son employeur pendant plusieurs semaines.
« Les transferts étaient douteux, les codes invalides », a déploré la partie civile.
Alerté par des anomalies répétées, Maguèye dépose plainte. Le gérant, après un premier remboursement d’un million, prend la fuite. Il sera finalement rattrapé par la Section de recherches de Keur Massar.
Des aveux embarrassés et un silence lourd
À la barre, Ibrahima ne tente pas de nier. Il reconnaît avoir détourné quotidiennement entre 500 000 et 700 000 F CFA.
Mais sur la question cruciale — « Où est passé l’argent ? » —, il reste muet.
Le procureur lui rappelle alors ses propres propos : il avait tout dépensé pour financer son mariage.
À ces mots, le prévenu baisse la tête. L’amour venait d’avoir un prix : celui de la liberté.
Un verdict à la hauteur de la trahison
Malgré le remboursement partiel, le préjudice s’élève encore à 3,2 millions de F CFA.
Le parquet, estimant les faits « constants », a requis trois mois de prison ferme.
Mais le tribunal, considérant la gravité morale de l’acte, a finalement prononcé une peine plus lourde :
Six mois de prison dont deux fermes, et obligation de rembourser intégralement la somme sous exécution provisoire, assortie d’une contrainte par corps maximale.
Quand le mariage devient un piège financier
Cette affaire illustre un phénomène récurrent dans nos sociétés : la pression sociale autour du mariage.
Dans un contexte où les cérémonies deviennent de véritables démonstrations de prestige, certains jeunes, incapables d’assumer les coûts, franchissent la ligne rouge.
L’histoire d’Ibrahima n’est pas celle d’un simple détournement : c’est le portrait d’un homme broyé entre amour, orgueil et exigence sociale.
En voulant briller le jour de son union, il a fini par tout perdre : la confiance, la liberté et l’honneur.