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L'Actualité au Sénégal

Huit militaires jugés pour avoir humilié une citoyenne allemande à Kinshasa


Rédigé le Samedi 25 Octobre 2025 à 22:44 | Lu 113 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


L’image a fait le tour des réseaux sociaux, symbole d’une humiliation nationale. Celle d’Honorine Porsche, citoyenne allemande, déshabillée, battue et exposée publiquement sur la Place Victoire, au cœur de Kinshasa. Filmée, partagée, commentée à l’infini, la scène a bouleversé la RDC et terni, une fois encore, l’image d’une armée censée protéger les civils.


Quand l’armée congolaise se retrouve face à ses propres démons

Tout commence le 16 octobre 2025. Selon le rapport d’enquête, Honorine Porsche, présentée comme une présumée braqueuse, aurait tenté de dérober de l’argent à la Rawbank de la Place Victoire à l’aide d’un pistolet factice.
Rapidement maîtrisée par les forces de l’ordre, la situation semblait sous contrôle. Aucun coup de feu, aucun blessé. Mais c’est après l’arrestation que tout bascule : au lieu d’être conduite au poste, la femme est déshabillée et humiliée publiquement par plusieurs militaires des FARDC, dont un colonel et plusieurs capitaines.

Les vidéos de la scène — insoutenables — ont fait le tour du monde, suscitant un tollé général. Dans l’une d’elles, on entend les rires des militaires pendant qu’Honorine implore qu’on lui rende sa dignité.

Ce lundi 20 octobre, huit militaires comparaissent devant la Cour militaire de Kinshasa-Gombe.
Les accusations sont lourdes :

  • Violation des consignes,

  • Non-dénonciation d’infractions,

  • Abstention coupable.

Le ministère public parle d’un « acte indigne », un crime contre la dignité humaine. Pour le procureur, il s’agit moins de punir des individus que de réhabiliter l’honneur de l’uniforme.
L’audience, sous haute surveillance, s’est ouverte dans une atmosphère électrique. Des représentants de l’ambassade d’Allemagne, des ONG de défense des droits humains et de nombreux journalistes étaient présents.

L’affaire a pris une tournure diplomatique majeure.
Dans un communiqué ferme, l’ambassade d’Allemagne à Kinshasa a condamné « un traitement inhumain et dégradant » infligé à sa ressortissante, tout en exigeant des garanties de justice.
Le gouvernement congolais, pris de court, tente de contenir la crise en promettant une procédure exemplaire et transparente.

Pour les observateurs, ce procès est aussi un test de crédibilité pour le président Félix Tshisekedi, régulièrement accusé de tolérer des dérapages dans les forces de sécurité.

Au-delà de l’émotion, l’affaire Porsche révèle les dérives systémiques au sein de l’armée congolaise :
absence de formation en droits humains, culture de l’impunité, réflexe de domination.
Des défenseurs des droits civiques rappellent que si cette affaire émeut autant, c’est parce que la victime est étrangère. Combien de Congolaises ont subi, en silence, des humiliations similaires sans jamais obtenir justice ?

Le jugement à venir sera plus qu’une décision judiciaire : il dira si la RDC est capable d’imposer la primauté du droit sur la brutalité, la justice sur la honte.
La condamnation ou l’acquittement de ces huit militaires dépassera le cadre du tribunal : elle marquera un choix de société.
Entre l’honneur d’un uniforme et la dignité d’une femme, la justice congolaise devra trancher — sous le regard du monde entier.





Lat Soukabé Fall

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