
En République démocratique du Congo (RDC), l’AFC/M23 renforce l’administration parallèle qu’elle installe dans les zones qu’elle contrôle à l’est du pays. Selon une note que RFI a authentifiée, tout ressortissant étranger doit désormais obtenir un visa délivré par les autorités de ce groupe politico-militaire pour accéder à ces territoires. Les visas émis par Kinshasa, comme tout autre document de voyage, sont ainsi déclarés invalides.
Cela constitue un véritable bras de fer entre Kinshasa et l’AFC/M23. Le mouvement rebelle confirme : tout document délivré par Kinshasa à la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco), à une ONG ou à un ressortissant étranger, est considéré comme nul et non avenu dans les zones qu’il contrôle.
Les humanitaires grandement concernés
L’AFC/M23 justifie cette décision au nom de ce qu’il appelle le principe de réciprocité. Depuis février 2025, Kinshasa a en effet annoncé qu’il ne reconnaît pas les documents émis par la Direction générale des migrations dans les territoires sous administration de l’AFC/M23. Mi-septembre, le ministre de la Justice, Guillaume Ngefa, l’a encore rappelé : toutes les décisions, y compris judiciaires, sont concernées.
Les conséquences sont lourdes pour les humanitaires. Un responsable d’ONG le reconnaît : « Ce n’est pas une situation facile. » Le ton se durcit depuis plusieurs semaines entre l’AFC/M23 et les acteurs humanitaires. Une réunion prévue le 9 septembre entre le groupe de travail sur l’accès humanitaire et le mouvement rebelle n’a pas eu lieu. Les ONG, déjà fragilisées par d’importantes coupes budgétaires, vont devoir payer doublement : à Kinshasa et dans l’espace contrôlé par l’AFC/M23. Elles pourraient aussi être contraintes de renégocier leurs exonérations pour certains produits. À la fin septembre, seulement 15 % du plan humanitaire était financé. Au-delà de l’argent, ce sont aussi du temps et de l’énergie perdus, déplore un acteur humanitaire : « Cela nous détourne de l’essentiel, notre travail humanitaire. »
Le bras de fer est clair : Kinshasa face face à l’AFC/M23, soutenu par Kigali, d’après plusieurs rapports de l’ONU. Un dirigeant du mouvement rebelle le dit à RFI : « Nous sommes le garant de la Nation dans la zone que nous contrôlons.