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Escroquerie foncière à Warang : 76 millions envolés dans les sables de la Petite-Côte


Rédigé le Mardi 30 Septembre 2025 à 10:40 | Lu 52 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


Le tribunal de grande instance de Mbour a été le théâtre, ce mardi, d’un procès très attendu sur la Petite-Côte. Au cœur du dossier : une présumée escroquerie immobilière portant sur 76 millions de francs CFA, une somme colossale échangée contre un terrain… qui n’existait pas.


Escroquerie foncière à Warang : 76 millions envolés dans les sables de la Petite-Côte

Une promesse dorée sur la côte
Tout commence en 2021. Mariama M., commerçante bien connue dans la zone côtière, approche Mamadou D., un entrepreneur à la recherche d’un grand terrain pour un projet agricole. D’un ton confiant, la dame lui parle d’une opportunité rare : neuf hectares à Warang, un site idéalement situé, proche de la route et non loin de la mer.

Pour le convaincre, elle ne se contente pas de paroles. Une visite est organisée sur les lieux. Devant les yeux de Mamadou D., Mariama M. présente les parcelles, pointant du doigt des repères dans le sable, des bornes et même des “voisins” supposés. Rien ne semble suspect.

Séduit par la proposition et rassuré par l’assurance de la vendeuse, Mamadou D. signe sans hésiter. L’affaire est conclue pour 76 millions de FCFA, versés en trois tranches. En retour, la commerçante promet de remettre les documents administratifs “dans les plus brefs délais”.

Une vendeuse introuvable, un silence de quatre ans
Mais les semaines passent, puis les mois. Aucune trace des papiers. À chaque appel, Mariama trouve une excuse : “le notaire est en voyage”, “le plan de lotissement est en cours”, “l’administration tarde à signer”.

Jusqu’au jour où le téléphone cesse de sonner. Numéro hors service. Boutique fermée. Adresse introuvable. Mariama M. semble s’être volatilisée.

Pendant quatre longues années, Mamadou D. tente en vain de la retrouver. C’est finalement en août 2025, après plusieurs fausses pistes, qu’il décide de porter plainte pour escroquerie. L’enquête ouverte par la brigade territoriale de Mbour permet de localiser la suspecte, qui est arrêtée et placée sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt de Mbour.

À la barre : une commerçante déconcertée
Ce mardi, devant le tribunal, Mariama M. se présente en robe sobre, le visage tendu. Interrogée sur les faits, elle nie toute intention frauduleuse.

“Je voulais vraiment lui vendre un terrain à Warang, mais les démarches n’ont pas abouti. J’ai essayé de trouver une autre solution pour le rembourser, mais je n’arrivais plus à le joindre”, explique-t-elle d’une voix basse.

Pourtant, au fil de l’interrogatoire, un détail trouble la salle : la prévenue admet avoir utilisé les 76 millions… pour acheter d’autres terrains à Djilakh. Des terrains inscrits en son nom propre, sans lien avec Mamadou D.

Un aveu lourd de sens, qui suscite des murmures parmi les spectateurs.

Le réquisitoire du procureur
Pour le ministère public, il ne fait aucun doute : Mariama M. a monté une opération frauduleuse de bout en bout. “Elle a simulé une vente, organisé une visite fictive, encaissé une somme considérable, puis disparu pendant quatre ans. Ce n’est pas de la négligence, c’est de la tromperie”, martèle le procureur.

Convaincu de la mauvaise foi de la prévenue, il requiert un an de prison ferme et 100 000 FCFA d’amende.

La voix de la victime
Face au tribunal, Mamadou D. reste digne, mais sa colère est palpable. “J’ai tout perdu. Cet argent représentait mes économies de dix ans. Elle m’a fait croire à un rêve, et je me suis retrouvé sans rien”, déclare-t-il, la voix serrée.

Son avocat réclame 90 millions de francs CFA de dommages et intérêts, pour réparer le préjudice moral et financier subi.

Un verdict attendu
Après plusieurs heures d’audience et de plaidoiries, le tribunal a décidé de mettre l’affaire en délibéré. Le jugement est attendu dans la journée.

Dans la salle, les regards se croisent : certains voient en Mariama une manipulatrice, d’autres une commerçante dépassée par ses propres combines. Mais une chose est sûre : à Warang, les 9 hectares promis ne sont que des traces dans le sable.



Lat Soukabé Fall

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