Le drame s’est joué dans le huis clos d’un ménage marqué par la violence et la jalousie. La victime, mariée religieusement à Sileye Ba, subissait depuis des mois des violences répétées. Selon l’autopsie, elle présentait des blessures multiples et anciennes, certaines assimilables à des actes de torture. La cause immédiate du décès : un traumatisme crânien sévère, consécutif à des coups portés sur des zones vitales.
Les enfants du couple, âgés de 2, 3 et 5 ans, ainsi que l’enfant de Dieynaba Kande, ont été retrouvés dans un état de saleté avancée et rapidement confiés à l’aide sociale à l’enfance.
Dès l’ouverture des débats, un climat pesant s’est installé. Les accusés se sont rejeté mutuellement la responsabilité des violences.
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Sileye Ba a d’abord accusé sa co-épouse de jalousie et de brutalité, avant d’affirmer que son seul tort avait été « de vivre sous le même toit avec deux femmes ».
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Dieynaba Kande a, elle, décrit un compagnon dominateur, jaloux et violent, sous l’emprise de stupéfiants.
L’avocat général, Pierre-Henri Cassitti, a requis la perpétuité contre les deux, dénonçant leur absence d’empathie et soulignant que « les coups ont été portés avec une intensité égale ». Mais les jurés ont fait la distinction : Ba reconnu comme auteur principal, Kande condamnée pour les violences répétées.
Le père de la victime, Didier Ghiti, a salué une décision « juste » malgré l’irréparable :
« Ma fille ne sera pas ressuscitée, ni le bébé, mais c’est une décision juste. »
La défense de Ba, menée par Me Christiane Aminata Diop, a annoncé son intention de faire appel, estimant que la co-accusée portait la responsabilité principale. Les avocates de Mme Kande ont quant à elles salué une décision « équilibrée et juste ».
Arrivé en France après son mariage avec Clothilde G., Sileye Ba aurait progressivement exercé une emprise psychologique et religieuse sur ses deux compagnes, qu’il aurait converties au bayefallisme, une branche marginale de l’islam au Sénégal, se posant lui-même en « guide spirituel ».
Derrière ce vernis mystique se cachait une réalité de violences conjugales, d’emprise et de dérives sectaires, qui a conduit à l’un des féminicides les plus marquants de ces dernières années dans le Loiret.