La déclaration a été lue au siège de l’état-major des forces armées par le général Denis N’Canha, chef de la maison militaire de la présidence. Selon lui, l’intervention vise à « garantir la sécurité nationale et rétablir l’ordre », après la découverte d’un plan de déstabilisation impliquant des barons de la drogue et des personnalités politiques engagées selon les militaires dans une tentative de manipulation des résultats électoraux.
Le haut commandement affirme avoir mis au jour un dépôt d’armes de guerre, destiné à « changer l’ordre constitutionnel ».
Les officiers annoncent exercer « le pouvoir du commandement à partir d’aujourd’hui », jusqu’à la restauration de l’ordre institutionnel. Ils appellent la population au calme et décrètent la fermeture des frontières, tandis qu’un couvre-feu est instauré.
Le président Embalo affirme avoir été renversé
Introuvable durant plusieurs heures, le président sortant Umaro Sissoco Embalo a confirmé auprès de France 24 avoir été arrêté et « renversé », tout en assurant ne pas subir de violences :
« Je ne peux pas trop parler, sinon ils vont me confisquer mon téléphone. Je suis actuellement à l’état-major », a-t-il confié.
Son ministre de l’Intérieur Botché Candé, ainsi que plusieurs hauts responsables militaires – dont le chef d’état-major général des armées, le général Biague Na Ntan, et son adjoint – auraient également été arrêtés.
Selon une source militaire, le président est « bien traité ».
Opposants arrêtés, médias réduits au silence
Les opposants Domingos Simoes Pereira et Fernando Dias da Costa ont été interpellés et seraient détenus sur la base aérienne de Bissau.
Dans les rues de la capitale, l’armée occupe les points stratégiques, les commerces ferment précipitamment et aucun taxi ne circule.
Les médias ont reçu l’ordre de cesser toute diffusion. À Radio Sol Mansi, des militaires ont contraint le personnel à quitter les lieux.
Un climat post-électoral explosif
Le pays attendait les résultats définitifs de la présidentielle et des législatives du 23 novembre, un scrutin marqué par des tensions entre candidats qui s’étaient tous deux proclamés vainqueurs. La Commission nationale électorale a été attaquée par des hommes armés la veille de ce renversement.
Cette situation ranime le spectre des multiples coups d’État qui ont émaillé l’histoire de la Guinée-Bissau depuis son indépendance en 1974.
Accusations de mise en scène politique
Des organisations de la société civile et des personnalités politiques dénoncent une manipulation orchestrée par le pouvoir sortant pour empêcher la proclamation des résultats.
Aristides Gomes, ancien Premier ministre et opposant, parle d’un « coup d’État simulé » :
« L’arrestation de Sissoco Embalo n’est pas réelle. C’est une mise en scène destinée à liquider le processus électoral. »
Le Portugal, ancienne puissance coloniale, appelle à la reprise du processus électoral et au retour à la normalité constitutionnelle.
