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France: manifestation contre les violences faites aux femmes, le gouvernement décrié


Rédigé le Dimanche 23 Novembre 2025 à 10:26 | Lu 77 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


En France, plusieurs manifestations étaient organisées samedi 22 novembre pour la lutte contre les violences faites aux femmes. Le président Emmanuel Macron en avait fait sa grande cause nationale lors de son premier quinquennat en 2017. Pourtant, d'après les associations féministes, la situation se dégrade. Elles ont donc décidé de s'organiser sans l'État.


Dans la rue, à Paris, l'amertume des manifestantes se fait sentir. Dans ses mains, des pancartes violettes au slogan féministes et au ton accusateur, Stéphanie, 40 ans, bénévole de l'association Nous Toutes, distribue ces panneaux aux autres manifestantes. La militante est en colère. « Pourquoi il n'y a pas plus de monde ? Pourquoi le gouvernement ne fait rien et ne met pas les financements alors que c'est un problème que tout le monde reconnaît ? On était censé être une grande cause nationale et, au final, il ne se passe pas grand-chose », dénonce-t-elle.

Zoé, 22 ans, est venue pour demander un sursaut politique et sociétal. « Ce n'est pas normal qu'on soit discriminée par rapport à son sexe. Ce n'est pas normal que des violences subsistent encore plus dans l'espace du couple qui doit être une safe place. Je ne devrais pas avoir peur quand je sors dans la rue, Je ne devrais pas avoir peur de me mettre en couple parce que je ne connaîtrai jamais le vrai visage de mon mari ou de mon copain. Je ne devrais pas avoir peur pour ma future fille, pour mes enfants et pour tous les enfants tous les jours », martèle-t-elle.

C'est censé être une priorité du premier quinquennat de Macron. La réalité des choses, c'est que comme ma pancarte le dit, il y a une femme qui meurt encore tous les 2,5 jours sous les coups de son mari. C'est énorme.

Dans le cortège, Valérie, elle aussi, est remontée. « Ça va très mal. Il y a X années, on a demandé un milliard [d'euros, NDLR] contre les féminicides et on trouve qu'il y en a eu quatre en un jour. » À 73 ans, elle fait partie de la Maison des femmes de Montreuil, une association près de Paris qui vient en aide aux victimes de violences, et qui, comme toutes les associations de terrain, a de plus en plus de mal à remplir sa mission. « On a nos subventions tellement dégradées qu'on est bénévoles et fatiguées. Ça traduit qu'il y a des jours fermés, on accueille moins, mais en même temps, plus c'est dur, plus ça nous motive, même quand on est fatiguées. »

Un peu d'espoir tout de même, mais une amertume prononcée, dans tous les slogans, contre un pouvoir public à la traîne. Rien que jeudi 20 novembre, quatre femmes ont été tuées en France en raison de leur genre, le même jour. Depuis le début de l'année, 149 femmes ont perdu la vie en raison de leur genre, c'est 11 % de plus qu'en 2024 alors que l'année n'est pas terminée.

Des associations qui n'attendent plus rien du gouvernement
Face à un État qui échoue à mettre en place des dispositifs efficaces pour les protéger, un collectif d'associations féministes a lancé un plan d'action à destination de la société civile. Alors que les violences faites aux femmes étaient la grande cause nationale d'Emmanuel Macron lors de son premier mandat en 2017, les acteurs de terrain, par manque de confiance, ne veulent plus attendre les efforts du gouvernement et ont décidé d'agir « par le bas. »

Tous les jours, elles travaillent aux côtés des victimes de violences conjugales : des mères isolées, des enfants, des personnes transgenres, des travailleuses du sexe. Pourtant, l'expertise de ces associations, nombreuses, n'a que peu d'écho, selon Yéléna Mandengué du collectif Nous Toutes.

« Le gouvernement, on ne peut plus compter sur eux, en fait. L'État se refuse de mettre en place nos mesures, se refuse de nous inviter à la table pour avoir ces discussions. Donc, on a besoin de s'organiser entre nous », soutient Yéléna Mandengué.

« Les femmes trouvent porte close. Ce n'est pas acceptable »
Les occasions n'ont pourtant pas manqué. Le Grenelle des violences conjugales a, par exemple, permis au 3919, numéro d'appel dédié, de recruter des écoutantes. Mais l'autre partie de la chaîne de protection des victimes, elle, a perdu des subventions.

Un scenario absurde et révoltant pour Mine Günbay, directrice de la Fédération nationale Solidarité Femmes. « Des femmes qui ont appelé le 3919 nous rappellent en disant “on n'est pas capables de m'accueillir avant trois semaines et pour moi, c'est trop tard. C'est une question de vie ou de mort”. On a ouvert une porte aux femmes en leur disant “on vous croit, on va prendre en charge votre parole, on va prendre en charge votre situation”. Les femmes nous ont cru et là les femmes trouvent porte close. Et ça, ce n'est pas acceptable en fait. »

Un désengagement dramatique de l'État, d'après ce collectif d'associations qui recentre désormais son action sur l'éducation nationale, les médias, ou encore la culture. Mobiliser tous les secteurs de la société civile, faute de réussir à mobiliser l'exécutif.


Lat Soukabé Fall

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