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Expulsés des États-Unis, abandonnés au Togo : le calvaire silencieux des Ouest-Africains


Rédigé le Lundi 29 Septembre 2025 à 16:15 | Lu 55 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


Entre désespoir et silence diplomatique, plusieurs ressortissants d’Afrique de l’Ouest expulsés des États-Unis vers le Ghana ont été abandonnés au Togo, sans papiers ni assistance. Une tragédie humaine qui met en lumière les zones d’ombre du programme d’expulsions américaines.


Expulsés des États-Unis, abandonnés au Togo : le calvaire silencieux des Ouest-Africains

Ils avaient fui les persécutions, la pauvreté ou les conflits, espérant reconstruire leur vie sur le sol américain. Aujourd’hui, ils errent à Lomé, sans identité, sans appui, sans avenir.

Selon des témoignages recueillis par l’AFP, entre huit et dix Ouest-Africains expulsés des États-Unis ont été transférés de force par le Ghana vers le Togo, sans passer par un poste-frontière officiel. Ces hommes, pour la plupart originaires du Nigeria, du Liberia ou du Togo, ont été déposés à la frontière, dépourvus de passeport.
« La situation est terrible », témoigne Benjamin, un Nigérian expulsé. « Nous dormons à quatre dans une petite chambre, un seul lit pour tous. On survit grâce à l’argent que nos familles nous envoient depuis les États-Unis. »

Un programme controversé hérité de Trump
Ces expulsions s’inscrivent dans le vaste programme de renvoi des migrants illégaux initié sous la présidence de Donald Trump, toujours en vigueur.
Début septembre, le président ghanéen John Mahama avait annoncé un accord avec Washington pour accueillir des ressortissants africains expulsés du territoire américain.
Mais très vite, le dispositif a révélé ses failles : parmi les 28 personnes arrivées au Ghana, plusieurs bénéficiaient de protections judiciaires américaines interdisant leur renvoi, selon l’avocate Meredyth Yoon.
« Washington a profité d’une faille juridique pour contourner ces protections », explique-t-elle. « Le Ghana a ensuite pris la décision de renvoyer ces personnes vers leurs pays d’origine, sans encadrement, sans assistance. »

Une errance forcée
Le cas de Benjamin et d’Emmanuel, un Libérien expulsé, illustre le désarroi de ces déracinés.
Sans papiers, ils vivent dans la peur d’être arrêtés par les autorités locales.
Deux Togolais, eux aussi expulsés, ont disparu après avoir été livrés à la frontière.
« Ils pleuraient, répétaient : c’est fini, c’est fini. Depuis, ils se cachent pour échapper à la police », confie Benjamin.

À ce jour, ni le Togo, ni le Ghana, ni les États-Unis n’ont donné d’explication publique sur ces transferts irréguliers. Le Département d’État américain s’est contenté d’affirmer qu’il « continuerait à utiliser tous les moyens appropriés pour renvoyer les étrangers qui ne devraient pas se trouver sur le sol américain ».

Silence diplomatique, crise humanitaire
À Lomé, aucune structure officielle ne s’est manifestée pour prendre en charge les expulsés. Sans statut, sans appui consulaire, ils survivent grâce à la solidarité locale ou à quelques envois d’argent familiaux.

Ce silence des autorités contraste avec l’ampleur de la détresse humaine.
Entre zones grises juridiques et renvois forcés, ces hommes se retrouvent aujourd’hui dans un vide administratif total — étrangers nulle part, rejetés de partout.



Lat Soukabé Fall

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