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« Elle vivait le cauchemar » : la spirale qui a conduit à la mort de Nogaye Thiam


Rédigé le Samedi 22 Novembre 2025 à 09:15 | Lu 66 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


La mort de Nogaye Thiam continue de bouleverser Thiès. Cette jeune femme de 25 ans, née en 2000, a été retrouvée sans vie dans la maison de sa belle-famille, son bébé d’un an blotti contre son corps, après des heures d’indifférence totale.
Son père, Samba Thiam alias Thiam Radiateur, livre un récit glaçant, mêlant tensions familiales, humiliations et négligence, sans pour autant accuser qui que ce soit de meurtre.


Avant d’épouser Elimane Diao, Nogaye était fiancée à Lamine, le frère aîné. Mais la grand-mère de celui-ci s’était opposée à l’union, et Lamine avait finalement épousé une autre femme.
Peu après, c’est Elimane qui demande la main de Nogaye.

« J’ai refusé catégoriquement, mais on m’a forcé la main », raconte Samba Thiam.
Un mariage sous pression familiale, compliqué par les liens de parenté très étroits : le père d’Elimane est l’oncle maternel de Nogaye, et sa mère, sa cousine.

Dès les débuts, le père de Nogaye avait prévenu sa fille :

« Si tu ne fais pas attention, tu ne connaîtras pas le bonheur dans cette maison. »

À peine entrée dans sa belle-famille, Nogaye se retrouve dans un engrenage toxique. Lamine, son ancien fiancé, recommence à lui envoyer des messages.
Son mari les découvre, et les tensions entre les deux frères explosent. L’ambiance devient invivable.

Nogaye enchaîne les éprouvantes épreuves :

  trois fausses couches,

  un mari qui perd son emploi à Sabodala,

  un retour forcé dans la maison conjugale,

  une belle-mère envahissante et volontairement hostile.

« Elle vivait le cauchemar », répète son père.
La jeune femme lui confie régulièrement son désir de fuir ce mariage, mais ses tentatives sont systématiquement bloquées… parfois même par sa propre mère, qui l’oblige à retourner chez ses beaux-parents.

Lorsqu’elle tombe enceinte, Nogaye retourne vivre chez ses parents.
Mais à sept mois de grossesse, sa belle-mère supplie pour qu’elle revienne.

Après l’accouchement, l’indignation du père atteint un sommet :
ni le mari, ni les beaux-parents n’informent la famille de Nogaye de la naissance.
Même le jour du baptême, personne ne se présente de leur côté.

Samba Thiam veut alors mettre fin au mariage. Sa femme s’y oppose encore une fois.

Jeudi soir, Nogaye envoie un dernier message à son père. Rien d’alarmant.
Le lendemain, un incident banal dégénère : une histoire de tour de cuisine, retiré brusquement à Nogaye au profit de sa belle-sœur.

Nogaye se retire dans sa chambre avec sa fille… et personne ne la reverra vivante.

Pendant deux jours, la famille vit normalement, mange devant sa porte, l’ignore volontairement.

La belle-mère déclare :

« Mangez et laissez-la. Elle est impolie. »

Même sa tante, Fatou Thiam, présente dans la maison, ne s’inquiète pas.

C’est Moussa Diao, un autre frère d’Elimane, qui finit par remarquer leur absence en venant déposer des cadeaux pour les enfants.
Devant le mutisme de la famille, il alerte Elimane, qui ordonne de forcer la porte.

Selon Samba Thiam, la belle-mère, imperturbable, ne s’inquiète que d’une chose :
« Ne cassez pas la porte. »

Derrière, la scène est insoutenable :
Nogaye est morte depuis deux jours. Son bébé, affamé, grelottant, est recroquevillé contre elle.

C’est l’oncle de Nogaye  également son beau-père qui informe Samba Thiam.
« Il m’a dit d’avoir foi en Dieu, sans aucune compassion », déplore-t-il.

À l’hôpital, le père apprend un choc supplémentaire :
Nogaye était enceinte au moment de son décès.

Pour autant, Samba Thiam refuse de parler de meurtre.
« On ne peut pas dire qu’ils l’ont tuée. Mais leur négligence… oui. »

Il rappelle que plusieurs membres de la famille souffrent d’une pathologie cardiaque :
six de ses fils sont morts de la même maladie.
Pour lui, c’est peut-être la combinaison du stress extrême et du problème cardiaque qui a emporté sa fille.

Le bébé est toujours chez la belle-famille.
Samba Thiam affirme qu’il attendra le huitième jour avant de décider de la suite.

Il ne compte pas porter plainte :
« Je veux seulement que la vérité soit dite, et que l’affaire soit enterrée. »



Lat Soukabé Fall

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