« C’est Bamba qui l’a appelé, je ne lui pardonnerai jamais »
« C’est lui qui a appelé Cheikh. Il lui a dit qu’il y avait un club qui cherchait des jeunes joueurs. Mon fils était fou de joie. Il m’a dit : “Maman, c’est une chance, Bamba est déjà là-bas, il va m’aider.” »
Cheikh quitte Dakar début octobre, direction accra. Il garde le contact avec sa mère les premiers jours. Mais très vite, le silence.
« Le téléphone ne passait plus. J’ai senti quelque chose de mauvais. Et puis un jour, un inconnu m’a appelée. Il m’a dit que Cheikh était entre leurs mains. »
La rançon et le piège
Il réclame 850000 francs CFA pour les frais.
« J’ai crié, j’ai pleuré. Je leur ai dit que je n’avais pas cette somme. Finalement, ils m’ont dit d’envoyer ce que j’avais. »
Désespérée, Diodio emprunte de l’argent à ses voisins, et parvient à réunir 500 000 francs CFA. Elle envoie l’argent par transfert mobile.
La terrible nouvelle
Quelques jours plus tard, la nouvelle tombe:
« Je n’ai pas eu la force de crier. on m'a dit qu'il avait fait un accident», dit-elle, la voix brisée.
Le corps est récupéré par les autorités ghanéennes.
Bamba, le grand absent
Depuis ce jour, Bamba, celui qui avait promis un avenir doré à Cheikh, reste introuvable.
« Il a disparu. Il ne répond plus à personne. Même sa famille ne sait pas où il est. Je suis sûre qu’il a participé à ce qui est arrivé à mon fils », accuse la mère.
Selon des sources proches du dossier, les enquêteurs soupçonnent un réseau de faux recruteurs actifs entre le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Ghana. Leur mode opératoire : appâter de jeunes footballeurs africains en quête de carrière, puis les kidnapper pour extorquer de l’argent à leurs familles.
Une mère seule face au silence
Diodio dénonce l’abandon total des autorités :
« Je veux que justice soit faite »
« Ils m’ont pris mon fils, et même mon argent. Je veux que justice soit faite, que Bamba soit arrêté, et que personne d’autre ne vive ça. »
Son combat est désormais celui de toutes les mères qui voient leurs enfants partir, pleins d’espoir, pour ne jamais revenir.
Un drame qui alerte sur les réseaux de faux agents sportifs
Cette affaire relance la question des faux recruteurs dans le football africain. Plus de 300 jeunes disparaissent chaque année dans des circonstances similaires, souvent après avoir été trompés par des “agents” sans licence.
« Les rêves de gloire sont devenus des pièges mortels », commente un observateur du football sénégalais.
« Cheikh Touré est victime d’un système qui vend de l’espoir contre de la souffrance. »