On plaisante, bien sûr, personne n’a oublié France 98, France 2018, PSG 2025, les Gilets Jaunes et les plus beaux Jeux olympiques de l’histoire, mais tout de même. Voir le gamin de Vernon, son sourire de marmot et sa bouille espiègle, comme s’il allait sortir une vanne à chaque fois qu’il ouvrait la bouche, soulever le plus prestigieux trophée individuel de l’histoire du foot, chez lui, à Paris, avait quelque chose de profondément émouvant lundi soir.
Notez que ce sont surtout les larmes qui ont, pour une fois, submergé le visage du nouveau Ballon d’or quand il a évoqué sa maman, sa famille et les difficultés qu’ils ont traversées ensemble au fil des années. « Je ne comptais pas pleurer, je voulais rester fort, mais dès que j’ai parlé de ma famille les émotions sont montées et c’est sorti », avouera-t-il une heure après l’annonce des résultats, seul sur la scène du théâtre du Châtelet, transformée en salle de conférence de presse (royale) pour l’occasion. Il faut dire que le chemin parcouru a, lui aussi, quelque chose d’émouvant.
From Vernon to la piste aux étoiles
Emouvant car voir Dembélé remporter le Ballon d’or tient plus de l’anomalie, du bug dans la matrice du foot, que du conte cousu de fil blanc. Lui-même en convenait, lundi soir. « Je suis content, même si le Ballon d’Or, pour moi, ça n’a pas vraiment été un objectif dans ma carrière. Quand je vois la liste, il n’y a que des grandes légendes, que des grands joueurs… », a-t-il avoué comme s’il ne se sentait pas légitime d’être là, lui le petit gars de Normandie qui n’était pas prédestiné à fouler seul un jour la piste aux étoiles.
Oh, bien sûr, on parle tout de même d’un garçon béni des dieux du foot, incapable de savoir lequel de ses pieds est le plus fort tellement les deux sont bons, et à qui les plus grands coachs de la planète prédisaient un avenir radieux. Mais le chemin ne fut pas linéaire, loin de là et, pour tout vous dire, ça fait un moment qu’on avait abandonné l’idée de voir « Dembouz » se métamorphoser telle une Cendrillon des temps modernes en un maestro capable d’amener son équipe sur le toit de l’Europe. On s’était bien planté et on ne pourrait en être plus heureux.
Son transfert de Dortmund au Barça semblait même marquer une marche trop haute pour celui qui sortait certes de deux belles saisons en Allemagne mais arrivait en Catalogne avec la lourde charge de remplacer Neymar, parti au PSG à l’été 2017. Du Dembouz du Barça, outre quelques performances XXL et autant de pions à vous sortir la langue version Tex Avery, on retiendra surtout beaucoup trop de blessures, quelques écarts de conduite et une hygiène de vie plus adaptée au quotidien d’un étudiant en socio qu’à celui d’un footballeur de très haut niveau.
Parti très jeune à l’étranger sans sa maman, son socle, elle aussi en pleurs lundi soir, le petit Ousmane a d’une certaine manière vécu l’adolescence que nous avons, nous, commun des mortels, tous connue. Une vie d’excès, de jeux vidéo et de cochonneries avalées jusqu’à ce que les oiseaux se mettent à piaffer à la fenêtre, signe d’un matin naissant qu’on ne saurait voir. Un de ses anciens cuistots personnels avait livré un verdict sans appel il y a quelques années de cela dans les colonnes du Parisien.
« Ousmane est un gentil garçon, mais il n’a pas sa vie entre ses mains. Il vit constamment avec son oncle et son meilleur ami, qui n’osent rien lui dire. C’est une vie cahotante. Je n’ai jamais vu d’alcool, mais il ne respecte pas du tout ses plages de repos, il n’y a aucune structure de haut niveau autour de lui. J’ai essayé de lui tendre la main mais il est sous influence. S’il ne réagit pas, il va se mettre tout le monde à dos à Barcelone. »
Mais tout vient à point à qui sait attendre. Quand certains mûrissent plus tôt que d’autres, le numéro 10 parisien, lui, a pris son temps. « Chacun son chemin, nous avait déclaré son premier coach en pro Philippe Montanier. Comme Kylian, c’était un talent très précoce, mais peut-être que les étapes se sont trop vite enchaînées pour lui, de Rennes à Dortmund, puis de Dortmund au Barça. Maintenant, les jeunes sont tellement précoces qu’ils grillent parfois les étapes, ce qui peut parfois les ralentir dans leur progression, et c’est peut-être ce qui a pu arriver à Ousmane. »
Dembélé, le vrai Ballon d’or du peuple
Et c’est au moment même où on n’attendait plus grand-chose de lui, qu’on raillait Luis Enrique qui clamait il y a un an à peine que son équipe serait bien meilleure sans Kylian Mbappé, que le bougre a réussi à transformer la citrouille en carrosse. Et comme par enchantement - et grâce à un savant jeu de repositionnement sur le terrain et de responsabilisation - le garçon est finalement devenu une machine à marquer (37 buts toutes compétitions confondues la saison dernière), à passer (15 passes décisives), à gagner et à faire gagner. Le genre de mec que tout le monde rêve d’avoir dans son équipe, tant par sa capacité de travail que sa bonne humeur communicative et son sens aigu du collectif. C’est encore ce collectif si cher à ses yeux qu’il a tenu à saluer lundi soir.
« Je voulais remercier le Paris Saint-Germain qui est venu me chercher en 2023, c’est vraiment une famille incroyable. Ils ont été exceptionnels depuis le premier jour. Le président Nasser, avec qui j’ai toujours été en contact, a été exceptionnel avec moi, c’est comme un papa pour moi. Je voulais aussi remercier tout le staff, l’entraîneur Luis Enrique, lui aussi, c’est comme un papa pour moi, il a été vraiment une personne très importante durant toute ma carrière, même si elle n’est pas encore finie. Et je veux remercier tous mes coéquipiers. Vous m’avez soutenu dans les bons et dans les mauvais moments. Ce trophée individuel, c’est vraiment le collectif qui, pour moi, l’a gagné. »
Dembélé a partagé son Ballon d'or avec les supporters parisiens présents par centaines lundi soir au théâtre du Châtelet.
Dembélé a partagé son Ballon d'or avec les supporters parisiens présents par centaines lundi soir au théâtre du Châtelet. - Franck FIFE
L’équipe et les coéquipiers avant sa pomme, du Ousmane tout craché. On ne change pas sa nature profonde. Et c’est en partie cela qui fait que Dembélé est l’un des joueurs les plus aimés et respectés dans notre pays (mais pas que), que l’on soit Parisien, Rennais, Lyonnais voire Marseillais. Un gars simple, nature, discret, qui a toujours fait l’unanimité autour de lui de par sa gentillesse et son côté humain, loin du star-système qui fatigue beaucoup et dégoûte, parfois.
Notez que ce sont surtout les larmes qui ont, pour une fois, submergé le visage du nouveau Ballon d’or quand il a évoqué sa maman, sa famille et les difficultés qu’ils ont traversées ensemble au fil des années. « Je ne comptais pas pleurer, je voulais rester fort, mais dès que j’ai parlé de ma famille les émotions sont montées et c’est sorti », avouera-t-il une heure après l’annonce des résultats, seul sur la scène du théâtre du Châtelet, transformée en salle de conférence de presse (royale) pour l’occasion. Il faut dire que le chemin parcouru a, lui aussi, quelque chose d’émouvant.
From Vernon to la piste aux étoiles
Emouvant car voir Dembélé remporter le Ballon d’or tient plus de l’anomalie, du bug dans la matrice du foot, que du conte cousu de fil blanc. Lui-même en convenait, lundi soir. « Je suis content, même si le Ballon d’Or, pour moi, ça n’a pas vraiment été un objectif dans ma carrière. Quand je vois la liste, il n’y a que des grandes légendes, que des grands joueurs… », a-t-il avoué comme s’il ne se sentait pas légitime d’être là, lui le petit gars de Normandie qui n’était pas prédestiné à fouler seul un jour la piste aux étoiles.
Oh, bien sûr, on parle tout de même d’un garçon béni des dieux du foot, incapable de savoir lequel de ses pieds est le plus fort tellement les deux sont bons, et à qui les plus grands coachs de la planète prédisaient un avenir radieux. Mais le chemin ne fut pas linéaire, loin de là et, pour tout vous dire, ça fait un moment qu’on avait abandonné l’idée de voir « Dembouz » se métamorphoser telle une Cendrillon des temps modernes en un maestro capable d’amener son équipe sur le toit de l’Europe. On s’était bien planté et on ne pourrait en être plus heureux.
Son transfert de Dortmund au Barça semblait même marquer une marche trop haute pour celui qui sortait certes de deux belles saisons en Allemagne mais arrivait en Catalogne avec la lourde charge de remplacer Neymar, parti au PSG à l’été 2017. Du Dembouz du Barça, outre quelques performances XXL et autant de pions à vous sortir la langue version Tex Avery, on retiendra surtout beaucoup trop de blessures, quelques écarts de conduite et une hygiène de vie plus adaptée au quotidien d’un étudiant en socio qu’à celui d’un footballeur de très haut niveau.
Parti très jeune à l’étranger sans sa maman, son socle, elle aussi en pleurs lundi soir, le petit Ousmane a d’une certaine manière vécu l’adolescence que nous avons, nous, commun des mortels, tous connue. Une vie d’excès, de jeux vidéo et de cochonneries avalées jusqu’à ce que les oiseaux se mettent à piaffer à la fenêtre, signe d’un matin naissant qu’on ne saurait voir. Un de ses anciens cuistots personnels avait livré un verdict sans appel il y a quelques années de cela dans les colonnes du Parisien.
« Ousmane est un gentil garçon, mais il n’a pas sa vie entre ses mains. Il vit constamment avec son oncle et son meilleur ami, qui n’osent rien lui dire. C’est une vie cahotante. Je n’ai jamais vu d’alcool, mais il ne respecte pas du tout ses plages de repos, il n’y a aucune structure de haut niveau autour de lui. J’ai essayé de lui tendre la main mais il est sous influence. S’il ne réagit pas, il va se mettre tout le monde à dos à Barcelone. »
Mais tout vient à point à qui sait attendre. Quand certains mûrissent plus tôt que d’autres, le numéro 10 parisien, lui, a pris son temps. « Chacun son chemin, nous avait déclaré son premier coach en pro Philippe Montanier. Comme Kylian, c’était un talent très précoce, mais peut-être que les étapes se sont trop vite enchaînées pour lui, de Rennes à Dortmund, puis de Dortmund au Barça. Maintenant, les jeunes sont tellement précoces qu’ils grillent parfois les étapes, ce qui peut parfois les ralentir dans leur progression, et c’est peut-être ce qui a pu arriver à Ousmane. »
Dembélé, le vrai Ballon d’or du peuple
Et c’est au moment même où on n’attendait plus grand-chose de lui, qu’on raillait Luis Enrique qui clamait il y a un an à peine que son équipe serait bien meilleure sans Kylian Mbappé, que le bougre a réussi à transformer la citrouille en carrosse. Et comme par enchantement - et grâce à un savant jeu de repositionnement sur le terrain et de responsabilisation - le garçon est finalement devenu une machine à marquer (37 buts toutes compétitions confondues la saison dernière), à passer (15 passes décisives), à gagner et à faire gagner. Le genre de mec que tout le monde rêve d’avoir dans son équipe, tant par sa capacité de travail que sa bonne humeur communicative et son sens aigu du collectif. C’est encore ce collectif si cher à ses yeux qu’il a tenu à saluer lundi soir.
« Je voulais remercier le Paris Saint-Germain qui est venu me chercher en 2023, c’est vraiment une famille incroyable. Ils ont été exceptionnels depuis le premier jour. Le président Nasser, avec qui j’ai toujours été en contact, a été exceptionnel avec moi, c’est comme un papa pour moi. Je voulais aussi remercier tout le staff, l’entraîneur Luis Enrique, lui aussi, c’est comme un papa pour moi, il a été vraiment une personne très importante durant toute ma carrière, même si elle n’est pas encore finie. Et je veux remercier tous mes coéquipiers. Vous m’avez soutenu dans les bons et dans les mauvais moments. Ce trophée individuel, c’est vraiment le collectif qui, pour moi, l’a gagné. »
Dembélé a partagé son Ballon d'or avec les supporters parisiens présents par centaines lundi soir au théâtre du Châtelet.
Dembélé a partagé son Ballon d'or avec les supporters parisiens présents par centaines lundi soir au théâtre du Châtelet. - Franck FIFE
L’équipe et les coéquipiers avant sa pomme, du Ousmane tout craché. On ne change pas sa nature profonde. Et c’est en partie cela qui fait que Dembélé est l’un des joueurs les plus aimés et respectés dans notre pays (mais pas que), que l’on soit Parisien, Rennais, Lyonnais voire Marseillais. Un gars simple, nature, discret, qui a toujours fait l’unanimité autour de lui de par sa gentillesse et son côté humain, loin du star-système qui fatigue beaucoup et dégoûte, parfois.