Tout est parti d’une plainte du directeur général de Batiprom. En 2022, la société avait signé un contrat de sous-traitance avec Naffco, une entreprise basée à Dubaï et attributaire d’un marché majeur du ministère de l’Intérieur. Ce marché portait sur :
la fourniture de véhicules spécialisés,
la construction de hangars destinés à la Brigade nationale des sapeurs-pompiers.
Dans ce cadre, M. Touré avait été désigné comme interface direct entre Batiprom et Naffco. Il bénéficiait d’une large marge de manœuvre, appuyée par une procuration bancaire lui permettant d’assurer la gestion opérationnelle de l’entreprise.
Au cours de son audition, l’enseignant-chercheur a reconnu avoir utilisé les fonds mis en cause, tout en assurant qu’ils avaient servi à exécuter le contrat de sous-traitance. Cependant, les enquêteurs ont estimé que rien ne prouve ces affirmations.
À l’inverse, leurs investigations ont mis en lumière :
plusieurs virements effectués depuis le compte de Batiprom vers le compte personnel de M. Touré,
l’absence de justificatifs permettant de démontrer une utilisation professionnelle des sommes en question,
des incohérences entre les montants débités et les dépenses déclarées.
Ces éléments ont renforcé les soupçons d’un détournement de grande ampleur.
Après un retour de parquet, M. Touré a été conduit devant le Pool judiciaire financier, en charge des dossiers sensibles et des infractions économiques. Selon Libération, il devrait être fixé sur son sort ce vendredi, une étape décisive qui déterminera l’ouverture éventuelle d’une instruction ou la mise sous mandat de dépôt.
Ce dossier, mêlant un important marché public, une société sous-traitante et un enseignant-chercheur placé en position de confiance, pourrait avoir des répercussions profondes au sein de Batiprom et dans le secteur des marchés publics.

