
Selon le porte-parole de l’association, Cheikh Yally, tout est parti d’un accord conclu il y a plusieurs mois. Les industriels avaient demandé aux ferrailleurs d’arrêter d’exporter leur marchandise, notamment vers l’Inde où la ferraille sénégalaise trouvait un marché lucratif. En contrepartie, ils s’étaient engagés à acheter toute la production localement. Mais cette promesse, déplorent les ferrailleurs, est restée lettre morte.
> « Ils nous avaient demandé de ne plus exporter nos ferrailles que nous vendions aux Indiens, sous prétexte qu’ils allaient tout acheter ici. Nous leur avons fait confiance, mais aujourd’hui, nos stocks dorment, notre argent traîne, et les jeunes qui vivaient de ce travail se retrouvent au chômage », a lancé Cheikh Yally, la voix chargée d’émotion.
Autour de lui, les ferrailleurs acquiescent. Certains témoignent de leurs difficultés à nourrir leurs familles depuis que l’activité est au point mort. « Avant, je pouvais vendre deux à trois tonnes de ferraille par semaine. Maintenant, je passe des jours sans rien écouler », raconte un jeune collecteur, visiblement désabusé.
La situation, selon eux, devient critique. Les ferrailleurs soulignent que ce secteur informel faisait vivre des centaines de familles à Thiès et dans ses environs. L’arrêt brutal des exportations, sans solution de remplacement fiable, a plongé de nombreux jeunes dans la précarité.
Face à ce qu’ils considèrent comme une injustice, l’Association des ferrailleurs en appelle directement aux autorités étatiques.
> « Nous interpellons le président de la République et son Premier ministre. Nous voulons qu’ils prennent leurs responsabilités pour trouver une issue rapide. Nos familles dépendent de ce métier, et nous n’avons pas d’autre alternative », a martelé Cheikh Yally.
Le mouvement prévient qu’il ne compte pas s’arrêter là si rien n’est fait. De nouvelles actions de protestation sont déjà envisagées. Pour eux, il en va de leur survie économique et de la dignité des travailleurs du secteur.
Cette crise illustre une fois de plus les tensions récurrentes entre acteurs informels et industriels dans l’exploitation de la ferraille, un marché très convoité au Sénégal mais marqué par des intérêts divergents.