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Sanokho, figure majeure de l’humour sénégalais, continue d’inspirer plus de trente ans après sa disparition


Rédigé le Lundi 17 Novembre 2025 à 13:56 | Lu 35 fois Rédigé par


Décédé en 1994, Sanokho reste une référence incontournable de l’humour sénégalais moderne grâce à un héritage artistique toujours vivant.


 

Disparu le 21 avril 1994, Sanokho demeure une figure essentielle de l’humour sénégalais contemporain. Son influence traverse les générations, portée par de nombreux artistes qui s'inspirent encore de son style et de ses thèmes intemporels.

Artiste complet, visionnaire et parfois controversé, Sanokho continue de marquer les esprits grâce aux nouvelles générations qui redécouvrent son œuvre à travers ceux qui prolongent sa démarche artistique. Né Mamadou Sanokho le 8 avril 1955 à la Médina, à Dakar, il s’est imposé comme l’un des pionniers de l’imitation au Sénégal.

Son décès est survenu le 21 avril 1994 à l’hôpital Principal de Dakar, après un accident survenu quelques jours plus tôt. Il repose au cimetière de Pikine. D’après plusieurs récits, ses premières prestations auraient eu lieu en prison, avant d’être révélé au public autour de 1981 grâce à l’émission Télé variétés de l’ancienne ORTS, devenue la Radiotélévision sénégalaise.

Bien qu’ayant connu plusieurs condamnations, l’universitaire Omar Guèye, auteur d’un ouvrage sur son parcours, insiste sur le fait qu’il ne peut être assimilé à une figure dangereuse, mais plutôt à un personnage marginal perçu comme attachant. Selon lui, Sanokho portait les stigmates de ce passé, ce qui a pu limiter sa reconnaissance institutionnelle, même s’il a accédé à une vraie popularité de son vivant.

Ironie du destin, celui qui évoquait souvent les dangers des transports urbains a lui-même été victime d’un tel véhicule, avant d’être identifié plusieurs jours après. L’auteur raconte que Sanokho est parti comme un personnage de ses propres récits, laissant une œuvre marquée par le rire et la spontanéité.

Connu pour sa maîtrise de l’improvisation, Sanokho excellait également dans le sketch, le chant et la percussion. Pour Omar Guèye, il représentait « un théâtre à lui seul », un artiste capable de jouer plusieurs rôles tout en transmettant des messages sociaux forts.

À travers une galerie de personnages et de situations, il abordait les réalités de Dakar : débrouille quotidienne, difficultés urbaines, manque de repères pour les jeunes, mais aussi le mépris culturel, l’importance de l’unité nationale ou encore la place de l’éducation. Ses thématiques rejoignent encore aujourd’hui des enjeux auxquels les autorités font face : urbanisation rapide, gestion des déchets, mobilité, exode rural, ou situation des jeunes.

Selon l’historien, Sanokho fut un observateur attentif de son époque, rendant compte des tensions sociales tout en utilisant l’humour comme vecteur de réflexion. Il estime que Sanokho a redonné ses lettres de noblesse au métier d’imitateur au Sénégal, même s’il n’en attendait rien de particulier.

L’universitaire le compare à ces artistes rarement reconnus de leur vivant, dont la valeur se révèle pleinement après leur disparition. Il rappelle que Sanokho vivait souvent dans la solitude de son art, sans imaginer l’importance qu’aurait son héritage.

Dans la préface de l’ouvrage qui lui est consacré, le poète Amadou Lamine Sall décrit Sanokho comme un « météore », né et disparu en avril, parti à 39 ans, mais laissant une trace durable dans le paysage culturel sénégalais.




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