Dans le centre du Mali et le nord du Burkina Faso certaines des femmes interrogées sont épouses, mères ou grand-mères de jihadistes, d’autres n’ont aucun lien direct avec eux. Plus de la moitié ont vécu au moins cinq ans « sous le contrôle effectif du Jnim », certaines jusqu'à plus de dix ans.
Le rapport d'Xcept publié le 8 décembre pointe d'emblée un « mécontentement persistant » face à la corruption de l'État et à l'incapacité à protéger les communautés, sans que cela motive un large soutien à une insurrection armée.
Nombreuses interdictions
« Les femmes ont unanimement décrit l'ascension du Jnim comme ayant entraîné des changements profonds et majoritairement négatifs », poursuivent les auteurs du rapport. Port du voile et de l'abaya, interdiction de travailler, de conduire – une voiture, une moto ou même un âne –, restriction dans l'accès aux soins et à l'éducation – les jihadistes ferment les écoles républicaines et les centres de santé de l'État –, suppression de cérémonies traditionnelles : « les personnes interrogées décrivent les réglementations du Jnim comme économiquement dévastatrices et profondément néfastes pour leur santé physique et mentale ».
Certaines politiques du Jnim trouvent cependant un écho favorable : aides matérielles – généralement issues de pillages –, meilleur accès à la justice – exercée par des juges islamiques – ou encore réduction du banditisme lié aux « coupeurs de route ».
« De plus en plus dociles »
La perception des femmes tend à s'améliorer au fil du temps, dans les zones dans lesquelles les jihadistes sont les mieux implantés et les mieux organisés. En partie grâce au recours – souvent forcé – à des chefs traditionnels, pointent encore les chercheurs, qui précisent que « la plupart des femmes qui ont déclaré apprécier les services fournis par le groupe n'ont pas assimilé cela à un soutien à sa vision ».
Ces femmes expliquent avoir dû « s'adapter » et devenir « de plus en plus dociles ». De nombreux témoignages font état de femmes battues ou fouettées par les jihadistes en charge du respect de la charia [la stricte loi islamique, NDLR], puis d'une domination de ces châtiments corporels au fil des années, une fois les habitants « habitués » aux nouvelles règles qui leur sont imposées par la force.
Quelques-unes, à l'inverse, admettent avoir apporté un soutien concret aux actions du Jnim : renseignement, approvisionnement logistique ou encore nettoyage des cuisines dans des bases jihadistes.
Le rapport pointe le fait que, dans certains villages, des enfants atteignent l'adolescence « sans avoir vécu sous le régime de l'État » et que « la gouvernance du Jnim modifie les normes sociales » et « comportementales ». Un défi supplémentaire pour les générations à venir.
Surtout, les chercheurs rappellent que les violations des droits humains et les sanctions collectives « réelles ou perçues, infligées à la communauté peule » par les armées régulières et leurs supplétifs nationaux – les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), chasseurs dozos – ou russes – Wagner, Africa Corps –, « sapent la légitimité de l'État ».
Ces violences, commises lors d'opérations militaires antiterroristes et rapportées par « environ les trois quarts des personnes interrogées », sont dès lors « instrumentalisées » par le Jnim « pour se présenter comme un protecteur et recruter de nouveaux membres ».
Sur la méthodologie, les chercheurs précisent que les entretiens ont été réalisés entre mai et août 2025. Les personnes interrogées comprenaient des femmes vivant dans les zones contrôlées par le Jnim (qui se sont déplacées vers des lieux sécurisés pour les entretiens) et des femmes ayant fui les zones contrôlées par le Jnim.
Le rapport d'Xcept publié le 8 décembre pointe d'emblée un « mécontentement persistant » face à la corruption de l'État et à l'incapacité à protéger les communautés, sans que cela motive un large soutien à une insurrection armée.
Nombreuses interdictions
« Les femmes ont unanimement décrit l'ascension du Jnim comme ayant entraîné des changements profonds et majoritairement négatifs », poursuivent les auteurs du rapport. Port du voile et de l'abaya, interdiction de travailler, de conduire – une voiture, une moto ou même un âne –, restriction dans l'accès aux soins et à l'éducation – les jihadistes ferment les écoles républicaines et les centres de santé de l'État –, suppression de cérémonies traditionnelles : « les personnes interrogées décrivent les réglementations du Jnim comme économiquement dévastatrices et profondément néfastes pour leur santé physique et mentale ».
Certaines politiques du Jnim trouvent cependant un écho favorable : aides matérielles – généralement issues de pillages –, meilleur accès à la justice – exercée par des juges islamiques – ou encore réduction du banditisme lié aux « coupeurs de route ».
« De plus en plus dociles »
La perception des femmes tend à s'améliorer au fil du temps, dans les zones dans lesquelles les jihadistes sont les mieux implantés et les mieux organisés. En partie grâce au recours – souvent forcé – à des chefs traditionnels, pointent encore les chercheurs, qui précisent que « la plupart des femmes qui ont déclaré apprécier les services fournis par le groupe n'ont pas assimilé cela à un soutien à sa vision ».
Ces femmes expliquent avoir dû « s'adapter » et devenir « de plus en plus dociles ». De nombreux témoignages font état de femmes battues ou fouettées par les jihadistes en charge du respect de la charia [la stricte loi islamique, NDLR], puis d'une domination de ces châtiments corporels au fil des années, une fois les habitants « habitués » aux nouvelles règles qui leur sont imposées par la force.
Quelques-unes, à l'inverse, admettent avoir apporté un soutien concret aux actions du Jnim : renseignement, approvisionnement logistique ou encore nettoyage des cuisines dans des bases jihadistes.
Le rapport pointe le fait que, dans certains villages, des enfants atteignent l'adolescence « sans avoir vécu sous le régime de l'État » et que « la gouvernance du Jnim modifie les normes sociales » et « comportementales ». Un défi supplémentaire pour les générations à venir.
Surtout, les chercheurs rappellent que les violations des droits humains et les sanctions collectives « réelles ou perçues, infligées à la communauté peule » par les armées régulières et leurs supplétifs nationaux – les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), chasseurs dozos – ou russes – Wagner, Africa Corps –, « sapent la légitimité de l'État ».
Ces violences, commises lors d'opérations militaires antiterroristes et rapportées par « environ les trois quarts des personnes interrogées », sont dès lors « instrumentalisées » par le Jnim « pour se présenter comme un protecteur et recruter de nouveaux membres ».
Sur la méthodologie, les chercheurs précisent que les entretiens ont été réalisés entre mai et août 2025. Les personnes interrogées comprenaient des femmes vivant dans les zones contrôlées par le Jnim (qui se sont déplacées vers des lieux sécurisés pour les entretiens) et des femmes ayant fui les zones contrôlées par le Jnim.

