
La ministre de la Justice, Yassine Fall, a dévoilé à Dakar plusieurs mesures destinées à transformer les conditions de détention dans les prisons sénégalaises. Elle a insisté sur la nécessité d’une approche plus humaine, plus efficace et respectueuse des valeurs nationales et internationales.
Selon elle, il ne s’agit pas de confort, mais d’un impératif de justice et de dignité humaine. Cette déclaration fait suite à une longue visite effectuée à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss, où elle a constaté une situation alarmante : conçue pour 800 détenus, la prison en abrite aujourd’hui près de 3 740, un signe, dit-elle, d’une inaction prolongée et d’une crise structurelle.
Mme Fall a rappelé qu’aucune nouvelle prison n’a été construite depuis l’indépendance, alors que la population carcérale ne cesse d’augmenter. Elle a souligné que le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko suivent de près cette question, conscients de l’urgence d’une réponse durable.
Parmi les projets cités, figure celui d’un établissement pénitentiaire de 2 500 places, resté inachevé et devenu, selon elle, un exemple de mauvaise gestion des fonds publics.
Des réformes axées sur la dignité et la réinsertion
La ministre a annoncé une réforme structurée autour de quatre axes majeurs :
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élargir le recours aux alternatives à l’incarcération pour les délits mineurs (médiation, travail d’intérêt général, bracelet électronique) ;
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permettre l’aménagement des peines pour les détenus malades, âgés ou proches de la libération ;
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réactiver la grâce présidentielle selon des critères d’équité ;
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relancer la construction de nouvelles prisons selon des normes transparentes et modernes.
Pour Mme Fall, il est temps de passer d’une logique purement répressive à une justice restauratrice, centrée sur la réinsertion et la deuxième chance.
Cependant, elle a tenu à préciser que cette politique d’humanisation ne rime pas avec laxisme. Les crimes graves et les détournements de fonds publics resteront sévèrement sanctionnés.
« La prison ne doit plus être un lieu de désespoir, mais un espace de réinsertion et d’espoir », a conclu la ministre.