Arrivés en tête du premier tour organisé dimanche 16 novembre, la communiste modérée Jeannette Jara et son rival d'extrême droite José Antonio Kast s'affronteront au second tour de la présidentielle chilienne qui aura lieu le 14 décembre. La candidate de la coalition de centre gauche au pouvoir a recueilli 26,71 % des suffrages, contre 24,12 % pour son rival ultraconservateur qui brigue la présidence pour la troisième fois, selon des résultats officiels portant sur près de 83% des bulletins dépouillés. Huit candidats au total étaient en lice.
Avant le premier tour dominé par les inquiétudes liées à la criminalité, les sondages ont toutefois prédit la défaite de Jeannette Jara au second tour en cas de qualification face à un candidat de droite ou d'extrême droite, en raison du report des voix.
Ces résultats « sont une très mauvaise nouvelle pour Jeannette Jara », estime d'ailleurs Rodrigo Arellano, analyste à l'Université du Développement du Chili, auprès de l'AFP. « Toutes les projections de son équipe tablaient sur plus de 30 % » des suffrages au premier tour, poursuit celui-ci, soulignant que « l'ensemble des candidats de l'opposition la devancent de près du double ».
Alors que pour la première fois depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet en 1990, la droite radicale pourrait revenir au pouvoir au Chili, l'ancienne ministre du Travail a exhorté les électeurs à ne pas laisser la montée de la criminalité les pousser vers l'extrême droite. « Ne laissez pas la peur endurcir vos cœurs », a-t-elle lancé.
Lors du premier tour, l'extrême droite était aussi représentée par le député libertarien Johannes Kaiser, souvent présenté comme la version chilienne du président argentin Javier Milei, qui a recueilli 13,93 % des voix. Tandis que l'économiste iconoclaste Franco Parisi a créé la surprise en terminant troisième avec 19,42 %, la candidate de la droite traditionnelle Evelyn Matthei a obtenu 12,70 %.
Touché par une poussée de la violence depuis une dizaine d'années, le Chili a notamment vu arriver sur son territoire des formes de criminalité organisée « jusque-là inconnues dans le pays, comme les assassinats commandités » qui ont alimenté l'inquiétude de la population, relève Gonzalo Müller, directeur du Centre d'études politiques du Chili. La campagne en vue du premier tour a d'ailleurs été dominée par les discours sécuritaires, auxquels Jeannette Jara elle-même s'est ralliée, sans vraiment convaincre.
« Pendant toute la campagne, les grandes questions qui ont accompagné la campagne, y compris chez Jeanette Jarra, c'était la sécurité, la question migratoire, avec d'ailleurs un lien assez nauséabond et pas complètement évident entre les deux », analyse de son côté Olivier Compagnon, professeur d'histoire contemporaine à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine (Iheal). Les candidats arrivés troisième, quatrième et cinquième lors de ce premier tour étaient tous des candidats de droite ou d'extrême droite, qui traduit « un vote de repli, un vote de la peur », selon l'expert.
«C'est vote de repli, un vote de la peur qu’il faut inscrire dans un contexte régional où le trumpisme fait figure de modèle», selon Olivier Compagnon, professeur d'histoire contemporaine à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine
Marine de La Moissonnière
De son côté, José Antonio Kast, dont le discours cible en priorité les 337 000 étrangers en situation irrégulière dans le pays à un moment où une majorité de Chiliens associe la hausse de la criminalité à l'immigration clandestine, promet des expulsions massives, la construction d'un mur à la frontière, le renforcement de l'armement de la police et le déploiement de l'armée dans les zones critiques.
« L'absence de justice » sur les crimes commis par la dictature de Pinochet « joue un rôle important dans » cette « nostalgie »
L'ombre d'Augusto Pinochet semble planer sur le vote. En guise d'exemple, le candidat d'extrême droite qualifié au second tour avait déjà déclaré lors d’une campagne précédente qu'il ne refuserait pas de « boire un thé à la Moneda », le palais présidentiel, avec l'ancien dictateur Augusto Pinochet. Et d'ajouter que « s'il était vivant, il voterait pour moi ».
Selon Olivier Compagnon « le lègue de Pinochet a toujours été une grande question, qui a traversé la transition chilienne, et c'est un discours qu'on entend au Chili ». D'autant que, certes, « il y a eu un coup d'État et des victimes, mais Pinochet a offert au Chili sa prospérité », et « le Chili n'a guère jugé les auteurs de violations de droits humains pendant la dictature, et cela est important pour comprendre le resurgissement d'une nostalgie aussi explicite », explique l'expert de l'Iheal.
Avant le premier tour dominé par les inquiétudes liées à la criminalité, les sondages ont toutefois prédit la défaite de Jeannette Jara au second tour en cas de qualification face à un candidat de droite ou d'extrême droite, en raison du report des voix.
Ces résultats « sont une très mauvaise nouvelle pour Jeannette Jara », estime d'ailleurs Rodrigo Arellano, analyste à l'Université du Développement du Chili, auprès de l'AFP. « Toutes les projections de son équipe tablaient sur plus de 30 % » des suffrages au premier tour, poursuit celui-ci, soulignant que « l'ensemble des candidats de l'opposition la devancent de près du double ».
Alors que pour la première fois depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet en 1990, la droite radicale pourrait revenir au pouvoir au Chili, l'ancienne ministre du Travail a exhorté les électeurs à ne pas laisser la montée de la criminalité les pousser vers l'extrême droite. « Ne laissez pas la peur endurcir vos cœurs », a-t-elle lancé.
Lors du premier tour, l'extrême droite était aussi représentée par le député libertarien Johannes Kaiser, souvent présenté comme la version chilienne du président argentin Javier Milei, qui a recueilli 13,93 % des voix. Tandis que l'économiste iconoclaste Franco Parisi a créé la surprise en terminant troisième avec 19,42 %, la candidate de la droite traditionnelle Evelyn Matthei a obtenu 12,70 %.
Touché par une poussée de la violence depuis une dizaine d'années, le Chili a notamment vu arriver sur son territoire des formes de criminalité organisée « jusque-là inconnues dans le pays, comme les assassinats commandités » qui ont alimenté l'inquiétude de la population, relève Gonzalo Müller, directeur du Centre d'études politiques du Chili. La campagne en vue du premier tour a d'ailleurs été dominée par les discours sécuritaires, auxquels Jeannette Jara elle-même s'est ralliée, sans vraiment convaincre.
« Pendant toute la campagne, les grandes questions qui ont accompagné la campagne, y compris chez Jeanette Jarra, c'était la sécurité, la question migratoire, avec d'ailleurs un lien assez nauséabond et pas complètement évident entre les deux », analyse de son côté Olivier Compagnon, professeur d'histoire contemporaine à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine (Iheal). Les candidats arrivés troisième, quatrième et cinquième lors de ce premier tour étaient tous des candidats de droite ou d'extrême droite, qui traduit « un vote de repli, un vote de la peur », selon l'expert.
«C'est vote de repli, un vote de la peur qu’il faut inscrire dans un contexte régional où le trumpisme fait figure de modèle», selon Olivier Compagnon, professeur d'histoire contemporaine à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine
Marine de La Moissonnière
De son côté, José Antonio Kast, dont le discours cible en priorité les 337 000 étrangers en situation irrégulière dans le pays à un moment où une majorité de Chiliens associe la hausse de la criminalité à l'immigration clandestine, promet des expulsions massives, la construction d'un mur à la frontière, le renforcement de l'armement de la police et le déploiement de l'armée dans les zones critiques.
« L'absence de justice » sur les crimes commis par la dictature de Pinochet « joue un rôle important dans » cette « nostalgie »
L'ombre d'Augusto Pinochet semble planer sur le vote. En guise d'exemple, le candidat d'extrême droite qualifié au second tour avait déjà déclaré lors d’une campagne précédente qu'il ne refuserait pas de « boire un thé à la Moneda », le palais présidentiel, avec l'ancien dictateur Augusto Pinochet. Et d'ajouter que « s'il était vivant, il voterait pour moi ».
Selon Olivier Compagnon « le lègue de Pinochet a toujours été une grande question, qui a traversé la transition chilienne, et c'est un discours qu'on entend au Chili ». D'autant que, certes, « il y a eu un coup d'État et des victimes, mais Pinochet a offert au Chili sa prospérité », et « le Chili n'a guère jugé les auteurs de violations de droits humains pendant la dictature, et cela est important pour comprendre le resurgissement d'une nostalgie aussi explicite », explique l'expert de l'Iheal.

