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Ouverture d’enquêtes sur les violences politiques de 2021 à 2024 : réactions partagées à Dakar


Rédigé le Jeudi 31 Juillet 2025 à 19:02 | Lu 88 fois Rédigé par


Des Dakarois réagissent à la décision du ministre de la Justice d’ouvrir des enquêtes sur les violences politiques survenues entre 2021 et 2024. Entre adhésion et priorités divergentes.


 

La décision du ministre de la Justice de saisir le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Dakar en vue de l’ouverture d’enquêtes sur les décès survenus lors des violences politiques entre 2021 et 2024 suscite des réactions contrastées chez les Dakarois interrogés par l’Agence de presse sénégalaise (APS). Une majorité d’entre eux y voient toutefois une initiative positive.

Moussa Mbow, mécanicien installé au terminus Liberté 5, se montre réservé. Interrogé dans son garage après avoir pris son petit-déjeuner, il déclare : « Les priorités se trouvent ailleurs », jugeant que la lutte contre la vie chère devrait être au premier plan. Selon lui, bien qu’il ne soit pas directement concerné par ces violences, l’affaire reste complexe et pourrait faire perdre un temps précieux.

S’il soutient l’idée que justice soit rendue, il doute de la possibilité de désigner clairement les coupables. À ce propos, il est rappelé que la présomption d’innocence s’applique à toute personne mise en cause, tant que les enquêtes n’ont pas établi leur culpabilité par décision de justice.

À Sacré-Cœur, Mamy Thiam, secrétaire dans une société d’import-export, partage un point de vue similaire. Tout de noir vêtue et portant des lunettes, elle estime que la priorité devrait être accordée aux difficultés économiques actuelles, qui pèsent lourdement sur les ménages.

Entre 2021 et mars 2024, des manifestations politiques ont provoqué de nombreuses pertes en vies humaines, bien que le bilan officiel reste à établir. Certaines victimes ont été tuées par balle ou par arme blanche, tandis que d’autres ont été grièvement blessées, parfois de manière irréversible.

Une loi d’amnistie a été votée peu avant la fin du mandat du président Macky Sall (2012–2024), couvrant les infractions à caractère politique. Cependant, les crimes de sang, les meurtres, les actes de torture et les crimes contre l’humanité sont exclus de cette loi, en vertu des engagements internationaux du Sénégal.

L’annonce récente de l’ouverture d’enquêtes concrétise une promesse faite en mai 2024 par le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, qui avait affirmé que des suites judiciaires seraient données sans faiblesse ni parti pris aux violences ayant endeuillé le pays.

L’initiative avait été saluée à l’époque par Me Bamba Cissé, avocat au barreau de Dakar, qui l’avait qualifiée d’étape essentielle dans la lutte contre l’impunité. Il soulignait que le parti PASTEF, au pouvoir depuis 2024, avait été porté par une forte volonté populaire de justice face aux événements de cette période.

Certains citoyens continuent d’ailleurs à réclamer la vérité. Un fonctionnaire rencontré près de Castors, préférant garder l’anonymat, voit dans cette décision une promesse électorale tenue, mais aussi une exigence sociale profonde.

Il estime que, par respect pour les victimes, il est impératif d’élucider les circonstances de ces morts et de déterminer les responsabilités. Pour lui, la justice doit jouer son rôle en toute impartialité, en évitant toute instrumentalisation politique.

« Il ne faut pas que les enquêtes soient ciblées, ni perçues comme une vengeance », prévient-il. Il appelle à ce que toutes les procédures se déroulent dans le respect des lois, et que les auteurs des violences, quels qu’ils soient, soient jugés par les juridictions compétentes.

Il conclut en affirmant que dans un État de droit comme le Sénégal, l’impunité ne doit pas avoir sa place.

APS




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