
Le constat est alarmant, des milliers d’enfants talibés errent dans les rues du Sénégal, pieds nus, vêtus de haillons, contraints de mendier pour survivre. Ils vivent dans des daaras insalubres, subissant de parfois graves maltraitances. Cette violation flagrante des droits de l’enfant semble désormais banalisée. Face à cette situation, quelles mesures le président Diomaye Faye et son gouvernement comptent-ils adopter ? Parviendront-ils à mettre fin à ce fléau là où Macky Sall a échoué, malgré ses initiatives ?
Un phénomène persistant et lucratif
Les enfants talibés, confiés dès leur plus jeune âge à des maîtres coraniques, sont contraints de mendier pour subvenir à leurs propres besoins et rapporter de l’argent à leur maître. Cette pratique perdure malgré les législations en place et génère des profits colossaux. Une étude de l’ONG Global Solidarity Initiative (GSI) estimait en 2018 qu’il existait plus de 2 000 daaras à Dakar, accueillant près de 200 000 talibés, dont 25 % sont forcés de mendier.Le phénomène repose sur un système organisé à l’échelle nationale et sous-régionale, impliquant des enfants venus de pays voisins comme la Gambie et la Guinée-Bissau. Cela s’apparente à une forme moderne de traite d’enfants à des fins d’exploitation économique. En 2016, Issa Saka, coordonnateur du Projet de lutte contre l’exploitation et la mendicité des enfants talibés (PLEMET), révélait que ce trafic générait près de 5,475 milliards FCFA par an pour les maîtres coraniques dans la seule région de Dakar, rapporte Amnesty International.