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Les propos de Trump sur le Nigeria sont «irresponsables et criminels», dit le prix Nobel Wole Soyinka


Rédigé le Mardi 18 Novembre 2025 à 00:14 | Lu 41 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


Le Nigeria est de nouveau dans le viseur de l'administration Trump. Le président américain a récemment menacé le pays d'une intervention militaire pour protéger les chrétiens du Nigeria, qui seraient victimes, selon lui, de violences ciblées sous l'œil indifférent des autorités. Le Nigeria a été réintégré à la liste américaine des « pays particulièrement préoccupants en matière de liberté religieuse », dont il était sorti en 2021. Avant cela, Washington avait déjà annoncé un durcissement considérable des conditions d'obtention de visas « non immigrants » pour les citoyens nigérians désireux de se rendre aux États-Unis. Fin octobre, l'écrivain Wole Soyinka a également révélé que son visa américain avait été annulé. RFI a rencontré, à Paris, le premier prix Nobel africain de littérature, en 1986, qui a toujours été une voix critique de la politique de Donald Trump.


Dans un entretien accordé à RFI, le prix Nobel de littérature nigérian Wole Soyinka revient sur la révocation récente de son visa américain, un épisode qu’il inscrit dans un climat politique profondément transformé depuis le retour de Donald Trump au pouvoir.

Soyinka explique que les tensions avec l’administration américaine ne datent pas d’aujourd’hui. Dès la première élection de Donald Trump, il avait dénoncé ce qu’il décrit comme une « rhétorique raciste, exclusioniste, égocentrique », allant jusqu’à déchirer sa carte verte lorsque Trump accéda à la présidence.

Plus tard, un contrôle fiscal l’oblige à solliciter un nouveau visa, qu’il obtient. Mais celui-ci vient d’être annulé.

L’écrivain affirme avoir reçu une lettre générique du consulat lui demandant de se présenter avec son passeport pour un réexamen :
« Je savais qu’ils avaient déjà pris leur décision. Je n’y suis pas allé. »

Soyinka reproche à l’administration américaine d’avoir renoué avec une politique agressive envers les immigrés :
« Depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir, les immigrés sont ramassés dans la rue, au restaurant, même dans les écoles. »

Réagissant aux déclarations récentes du président américain, selon lesquelles les chrétiens seraient victimes d’une violence ciblée au Nigeria, Soyinka se montre très critique :

 Il reconnaît l’existence d’extrémistes religieux et de violences.

 Mais il dénonce une lecture simpliste et dangereuse :
« Exagérer ce problème depuis l’extérieur est un acte hostile. »

Pour lui, réduire les conflits à un affrontement religieux, alors que les tensions économiques (notamment entre éleveurs et agriculteurs) sont centrales, relève de la manipulation.

Il juge particulièrement irresponsables les menaces d’intervention militaire proférées par Trump :
« Un chef d’État n’a pas le droit d’être simpliste. »

À 90 ans, Soyinka voit le Théâtre national de Lagos rebaptisé Centre Wole Soyinka. Il s’en dit honoré, tout en gardant une réserve caractéristique :
« Ai-je vraiment besoin de cet hommage ? Je suis indifférent à ce genre de choses. J’ai fait mon travail, je suis satisfait. »



Lat Soukabé Fall

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