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Législatives en Côte d’Ivoire : le RHDP écrase le scrutin, le PDCI fragilisé


Rédigé le Mardi 30 Décembre 2025 à 09:18 | Lu 45 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


Les élections législatives ivoiriennes du samedi 27 décembre ont largement tourné à l’avantage du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Selon les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI), le parti au pouvoir décroche 197 sièges, soit près de 77 % de l’Assemblée nationale, consolidant ainsi sa majorité absolue et dépassant largement son score de 2021.


Cette victoire électorale intervient seulement deux mois après la réélection du président Alassane Ouattara, renforçant davantage l’hégémonie politique du RHDP sur l’échiquier national.

 

Le RHDP a particulièrement brillé dans ses bastions traditionnels, notamment dans le nord du pays, où il réalise des scores proches de l’unanimité. À Boundiali et Odienné, le parti rafle 100 % des sièges. À Korhogo, il frôle le plébiscite avec 99,92 % des voix, tandis qu’à Bouaké, il atteint 98,95 %.

La performance ne s’arrête pas là. Le parti présidentiel confirme également sa solidité dans le Haut-Sassandra et réalise une percée remarquée dans des zones jusque-là plus disputées, comme Abengourou, où il passe d’un siège sur six en 2021 à un grand chelem lors de ce scrutin.

 

Autre enseignement fort : la large victoire des cadres et membres du gouvernement alignés comme candidats. Le vice-président obtient 99,93 % à Tafiré, le ministre de la Défense s’impose à Abobo avec 88 %, tandis que le ministre de la Communication réalise un score parfait de 100 % à Koni.

Ces résultats confirment une stratégie efficace du RHDP, fondée sur une forte présence institutionnelle et un maillage politique serré du territoire.

 

À l’opposé, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) connaît une sévère déconvenue. Dirigé par Tidjane Thiam, le parti historique ne décroche que 32 sièges, soit deux fois moins qu’en 2021.

Si le PDCI parvient à conserver certains fiefs comme Daoukro, il échoue à reprendre Yamoussoukro, pourtant dirigée par un maire issu de ses rangs. Dans la capitale politique, un ticket RHDP emmené notamment par Augustin Thiam, frère de Tidjane Thiam, s’impose.

À Abidjan, le parti résiste à Cocody, Plateau et Port-Bouët, mais subit de lourdes défaites à Marcory, Yopougon, Jacqueville et Abengourou.

 

En interne, le constat est sévère. Plusieurs cadres du PDCI reconnaissent une mauvaise stratégie électorale, marquée par l’exclusion de figures influentes et par des dissensions persistantes.
« Le parti sort diminué », reconnaît un député battu, évoquant des problèmes de leadership et un manque de cohésion.

L’absence du PDCI lors de la dernière présidentielle aurait également pesé lourd. Pendant que le RHDP occupait le terrain, l’opposition peinait à mobiliser sa base. Tidjane Thiam, absent du pays depuis plusieurs mois, a récemment tenté de réorganiser le parti, mais les effets tardent à se faire sentir.

 

Les candidats indépendants tirent partiellement leur épingle du jeu avec 23 sièges. En revanche, le MGC de Simone Ehivet Gbagbo repart bredouille, tandis que le FPI de Pascal Affi N’Guessan ne sauve qu’un seul siège, dans le Moronou.

Le boycott du PPA-CI a également favorisé la percée du RHDP dans plusieurs zones, notamment à Yopougon et dans certaines régions de l’ouest.
 

La participation électorale reste modeste, autour de 35 %, un chiffre que la CEI relativise en évoquant une tendance similaire aux précédents scrutins.
Cependant, plusieurs candidats dénoncent des irrégularités et annoncent des recours devant le Conseil constitutionnel.

Le président de la CEI, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, a appelé au calme, rappelant que « la démocratie repose sur le droit, et non sur la violence ».

 

Au final, ces législatives confirment un paysage politique profondément déséquilibré en Côte d’Ivoire. Le RHDP ressort ultra-dominant, tandis que le PDCI est contraint à une introspection profonde pour espérer se relever.

L’Assemblée nationale qui se dessine sera, sans surprise, largement acquise au pouvoir exécutif, posant à nouveau la question du rôle et de la capacité de l’opposition dans le jeu démocratique ivoirien.



Lat Soukabé Fall

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