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La CAN n’est pas une compétition secondaire», les vérités d'Habib Bèye, entraîneur sénégalais de Rennes


Rédigé le Vendredi 19 Décembre 2025 à 19:24 | Lu 43 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


Habib Beye, ancien international sénégalais et coach du Stade Rennais, livre à RFI son regard sur l’évolution de la Coupe d’Afrique des nations qui démarre ce 21 décembre au Maroc. Les défis liés à l’organisation et à la libération des joueurs, ses favoris, et la richesse de l’expérience binationale au sein du football africain, sans oublier la mutation de la Ligue 1, le redressement de Rennes et l’héritage transmis par Pape Diouf. Le coach sénégalais s’est longuement confié lors d’une rencontre organisée par la Ligue de football professionnel.


La Coupe d’Afrique des nations a changé de dimension. Si elle a toujours été un événement majeur pour les Africains, elle s’impose désormais comme un rendez-vous incontournable du football mondial. Pour Habib Beye, cette évolution est indéniable. « La CAN a toujours occupé une place centrale dans le cœur des Africains, mais aujourd’hui elle a pris une dimension supplémentaire », souligne-t-il.

Le niveau global s’est considérablement élevé. Là où quelques nations dominaient autrefois la compétition, le rapport de forces s’est resserré. « Il y a une réelle homogénéité. Des sélections comme le Cap-Vert sont aujourd’hui capables de bousculer la hiérarchie et même de se qualifier pour la Coupe du monde », observe l’ancien latéral droit. Cette progression est étroitement liée à la présence croissante de joueurs africains dans les plus grands clubs européens, un facteur qui tire l’ensemble du continent vers le haut.

 

Au-delà de la qualité des effectifs, Habib Beye insiste sur un élément déterminant : le timing. « Le facteur principal, c’est la capacité à arriver au bon moment dans la meilleure forme possible », explique-t-il. La CAN se dispute à une période particulière du calendrier, après plusieurs mois d’une saison européenne intense. Résultat : certains joueurs arrivent en pleine dynamique, d’autres déjà émoussés physiquement.

À cela s’ajoute un problème récurrent : le manque de préparation. « Les sélectionneurs ont très peu de jours pour préparer une compétition majeure », regrette Beye, évoquant les tensions autour de la libération tardive des joueurs par les clubs. Dans ces conditions, la réussite repose moins sur la richesse “sur le papier” que sur la capacité à créer rapidement une alchimie collective, à gérer la fraîcheur physique et à s’adapter à la pression du tournoi.

Le pays hôte bénéficie toutefois d’un avantage non négligeable. « Le Maroc a un atout évident en organisant la CAN, un peu à l’image de la Côte d’Ivoire lorsqu’elle a gagné chez elle », rappelle-t-il.

 

Habib Beye ne cache pas son agacement face au débat récurrent sur la mise à disposition des joueurs. Pour lui, cette situation nuit à l’image et à l’équité sportive de la CAN. « Libérer les joueurs à six jours du coup d’envoi, c’est insuffisant pour préparer un grand tournoi », tranche-t-il.

Il plaide pour un minimum de dix à quinze jours de préparation, comme pour la Coupe du monde ou l’Euro. Selon lui, la CAN a pâti des choix du calendrier international, notamment de la priorité accordée à la Coupe du monde des clubs. « Les clubs européens doivent comprendre que la CAN n’est pas une compétition secondaire. Pour beaucoup de joueurs africains, c’est la consécration d’une carrière. »

 

Interrogé sur les forces en présence, Habib Beye cite naturellement le Maroc parmi les grands favoris, porté par son statut de pays hôte et la régularité de ses performances récentes. La Côte d’Ivoire, tenante du titre, et le Nigeria figurent également parmi les équipes à surveiller.

Mais c’est bien le Sénégal qui occupe une place particulière dans son analyse. « Au-delà de l’attachement personnel, c’est une équipe expérimentée, capable de mélanger jeunesse et cadres », affirme-t-il. Conscient des surprises toujours possibles. La RDC ou d’autres nations émergentes. Beye assume son choix : « Mon favori ultime reste le Sénégal. C’est très important d’aller chercher cette deuxième étoile. »



Lat Soukabé Fall

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