Le Joola, conçu pour transporter environ 580 personnes, transportait plus de 1 800 âmes ce soir-là. Parmi elles, des étudiants qui rejoignaient Dakar pour reprendre leurs cours, des commerçants qui portaient avec eux les fruits de leur travail, des mères qui ramenaient des provisions pour leurs foyers, des enfants qui voyageaient avec innocence, des militaires, des voyageurs de fortune. Tous partageaient une même route, une même mer, une même espérance d’arriver.
Mais en quelques minutes, dans la nuit, la tempête et la surcharge, la tragédie s’est imposée. Le navire s’est couché sur le flanc, puis a disparu sous les vagues, emportant avec lui près de 1 863 vies humaines.
À peine une soixantaine de rescapés ont pu témoigner de l’horreur.
Les autres sont restés dans la mer, dans ce tombeau liquide qui, encore aujourd’hui, garde les corps et les secrets de tant de disparus.
Ce drame, l’un des plus graves naufrages civils de l’histoire mondiale, a laissé une plaie béante dans notre mémoire collective. Car aucune région, aucune communauté, aucune famille n’a été épargnée. Chaque village du Sénégal, de Ziguinchor à Saint-Louis, de Dakar à Tambacounda, a perdu un fils, une fille, un parent, un ami. Le Joola n’a pas seulement chaviré dans les eaux de l’Atlantique. Il a chaviré dans nos cœurs, dans notre conscience, dans notre histoire.
Aujourd’hui encore, 23 ans après, nous continuons de pleurer nos morts.
Mais nous ne pleurons pas seulement dans la douleur : nous pleurons aussi dans la dignité, dans l’unité, dans l’espérance.
Leur mémoire nous rappelle l’urgence de la responsabilité, la nécessité de la vigilance, et l’importance de l’humanité.
À chaque 26 septembre, nous nous souvenons.
Nous pensons aux victimes.
Nous pensons aux survivants.
Nous pensons aux familles qui, chaque jour, vivent avec l’absence.
Nous pensons aux enfants qui n’ont pas connu leurs parents.
Nous pensons aux mères et aux pères qui n’ont jamais pu retrouver les corps de leurs proches.
Le Joola n’est pas une page tournée : c’est une cicatrice ouverte qui nous oblige à rester debout.
C’est une leçon tragique qui nous appelle à dire : plus jamais ça.
Plus jamais un navire ne doit appareiller dans ces conditions.
Plus jamais la négligence et l’oubli ne doivent coûter tant de vies.
Que la mer soit douce avec nos disparus.
Qu’ils reposent en paix dans son immensité.
Que la mémoire ne s’éteigne jamais.
À toutes les victimes du Joola, nous disons :
Nous ne vous oublierons pas.
Votre souvenir vit en nous, dans chaque génération, dans chaque famille, dans chaque 26 septembre.