
À Nguinth, Tikhikao, Sampathé et Thially, les habitants ont vécu un véritable cauchemar. L’eau a envahi les concessions, forçant les familles à sauver ce qu’elles pouvaient : matelas, vêtements, denrées alimentaires. Beaucoup ont passé la nuit debout, un seau à la main, l’autre sur le cœur, craignant que les murs fragilisés ne cèdent sous la pression des flots.
« On en a marre, chaque année c’est pareil ! On nous promet des canaux, des bassins de rétention, mais au final c’est toujours nous qui écopons, seuls, avec nos pauvres moyens », fulmine Marième, une mère de famille croisée devant sa maison inondée.
Les routes, elles, se sont transformées en rivières boueuses. Les taxis, « clandos » et bus Tata ont été contraints de dévier leurs trajets, paralysant une partie de la circulation. Les travailleurs, pieds trempés, ont dû braver les eaux pour atteindre leurs destinations.
Promesses noyées dans les flaques
La pluie n’est pas responsable. Elle ne fait que tomber. La vraie catastrophe, c’est le système d’assainissement inexistant ou défaillant. Des milliards annoncés, des projets inaugurés en grande pompe… mais la réalité est là : Thiès n’a pas de solution durable face aux inondations.
À chaque saison des pluies, les autorités viennent, bottes aux pieds, poser pour les caméras. Ensuite, silence radio. Les habitants, eux, continuent de patauger dans leur misère. « Ici, même une pluie de deux heures suffit à nous transformer en réfugiés climatiques. C’est une honte ! », peste Mamadou, commerçant du marché central.
Pendant ce temps, les réseaux sociaux s’enflamment. Vidéos et photos virales montrent des rues englouties, des enfants jouant dans les eaux sales comme dans une piscine, et des familles désespérées. Le contraste est frappant entre les communiqués officiels rassurants et la réalité vécue par les populations.
Quand la pluie devient un cauchemar
À Thiès, chaque goutte de pluie n’apporte plus la bénédiction tant espérée pour les champs et les nappes phréatiques. Elle réveille au contraire la peur, la colère et la résignation. Car ici, la pluie ne tombe pas : elle frappe, elle chasse les habitants de leurs maisons, elle met à nu l’échec des politiques publiques.
La saison ne fait que commencer. Et déjà, Thiès s’effondre. Jusqu’à quand les habitants devront-ils payer le prix de l’incompétence et de la négligence ?