Pendant des années, le daral traînait une mauvaise réputation : vols nocturnes, agressions, escroqueries. Les maquignons, parfois ruinés par les pertes, menaçaient de boycotter le marché.
Face à cette situation, les autorités ont réagi. Désormais, des gendarmes patrouillent régulièrement, et un dispositif de contrôle filtre les entrées et sorties. Les voleurs de bétail, qui faisaient la loi, sont désormais beaucoup plus discrets.
Un éleveur, confie :
« Avant, si tu laissais tes moutons sans surveillance une heure, tu pouvais perdre deux ou trois bêtes. Aujourd’hui, c’est fini. On peut même dormir ici sans crainte. »
La sécurité est donc un acquis, mais elle n’a pas suffi à ramener la clientèle.
Les allées clairsemées du marché
En parcourant le daral un jour ordinaire, on est frappé par le silence inhabituel. Là où l’on entendait autrefois les cris des vendeurs et les négociations bruyantes, on ne perçoit plus que les bêlements des moutons attachés.
Awa Ndiaye, venue de Mbour avec deux vaches, témoigne avec amertume :
« J’ai payé le transport, nourri mes bêtes sur la route. Mais depuis le matin, aucun acheteur sérieux. Les prix qu’on me propose sont trop bas. Je vais rentrer perdante. »
Les raisons d’un déclin
Plusieurs facteurs expliquent cette chute de fréquentation :
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La crise économique : le pouvoir d’achat des familles s’est effondré, et acheter un mouton ou une vache est devenu un luxe.
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La concurrence d’autres darals : ceux de Tivaouane, Thiès, et même de Dahra Djoloff attirent davantage d’acheteurs grâce à leur localisation stratégique.
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La hausse du prix de l’aliment de bétail : conséquence, les prix de vente explosent, décourageant les clients.
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Un manque de modernisation : absence d’abreuvoirs, de zones d’abattage modernes et d’abris, ce qui fait fuir certains acheteurs qui privilégient des marchés mieux organisés.
Des pistes pour relancer le daral
Les commerçants réclament une revalorisation du marché. Certains proposent d’organiser des foires spéciales du bétail avant les grands événements religieux comme le Gamou ou la Tabaski, pour attirer la clientèle.
D’autres plaident pour un accompagnement de l’État : subventions de l’aliment de bétail, infrastructures modernes, routes mieux entretenues.
Selon un vieux maquignon, ce marché peut renaître :
« Ndiassane est une cité religieuse, un lieu de confiance. Si on améliore les conditions et qu’on communique bien, les acheteurs reviendront. Mais pour l’instant, on a la sécurité… sans clients. »
En attendant un souffle nouveau
Aujourd’hui, le daral de Ndiassane survit grâce à la ténacité de quelques éleveurs qui refusent de l’abandonner. Mais beaucoup de regards se tournent vers l’avenir : Ndiassane peut-elle retrouver son daral d’antan, lieu de vie, de commerce et de prospérité ?
Tout dépendra de la capacité des autorités, des éleveurs et des commerçants à réinventer ce marché pour l’adapter aux réalités économiques actuelles.