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Campagne arachidière 2025-2026 : les producteurs exigent un prix minimum à la hauteur des coûts et des bons rendements


Rédigé le Mardi 18 Novembre 2025 à 12:28 | Lu 41 fois Rédigé par


Malgré une production en forte hausse (+15 % attendue), les agriculteurs du bassin arachidier réclament un prix au kg entre 400 et 500 FCFA pour couvrir l’explosion des charges.


Campagne arachidière 2025-2026 : les producteurs exigent un prix minimum à la hauteur des coûts et des bons rendements

 

La nouvelle campagne de commercialisation de l’arachide démarre dans un climat tendu dans les principales zones de production du Sénégal (centre et nord). Si les prévisions annoncent une récolte abondante – en progression d’environ 15 % par rapport à l’an dernier –, les producteurs et leurs organisations refusent de revendre à perte et mettent la pression sur l’État pour obtenir un prix au kilogramme nettement plus élevé.

Dans le département de Linguère, la grogne est déjà palpable. Le prix plancher de 305 FCFA/kg reconduit l’an dernier est jugé totalement insuffisant face à la flambée des intrants, du transport et de la main-d’œuvre. Certains producteurs n’ont d’ailleurs pas attendu l’ouverture officielle et écoulent déjà leurs stocks sur les marchés de Touba ou ailleurs à des cours plus avantageux.

« À 305 FCFA, on travaille à perte. Il faut au minimum 500 FCFA le kilo pour que la filière survive et que les paysans vivent dignement », martèle Moustapha Diop, agriculteur à Gassane. Un discours partagé par Daouda Sakho, président de la coopérative de Doundodji, qui demande une « revalorisation significative » pour sauvegarder la rentabilité des exploitations.

Les chiffres confirment pourtant une année agricole favorable. À Louga, les bonnes pluies et les traitements rapides contre les chenilles légionnaires ont permis d’espérer une production départementale autour de 34 200 tonnes, avec un rendement moyen dépassant les 890 kg/ha. Même dynamique positive à Diourbel où les producteurs affichent leur satisfaction technique… tout en restant suspendus à la décision gouvernementale sur le prix.

Dans cette région, beaucoup plaident pour un cours proche de 400 FCFA/kg. Ibrahima Ndiaye, président de l’Union des groupements d’agriculteurs de Diourbel (Ugad), va plus loin : il dénonce un prix actuel qui ne reflète ni les coûts réels ni la valeur de la culture arachidière, et appelle à réformer le système de subventions, accusé de profiter à des opérateurs non-agriculteurs.

Plus au sud, dans le cœur du bassin arachidier (Kaolack et Kaffrine), la situation est paradoxale : les marchés locaux sont déjà inondés de graines et les cours chutent dangereusement, parfois jusqu’à 225 FCFA/kg. « Plus on produit, plus les prix baissent si l’État n’intervient pas rapidement », alertent les responsables paysans.

Cheikh Tidiane Cissé, président de l’Association des agriculteurs du bassin arachidier, presse la Cnia d’homologuer sans tarder un prix officiel pour stopper la spirale baissière. Sidi Ba, secrétaire général régional du Cncr, estime pour sa part qu’un prix autour de 350 FCFA constituerait un minimum « raisonnable », même si une partie du monde rural continue de revendiquer les 500 FCFA.

Du côté des opérateurs privés et des stockeurs, on conditionne la reprise des achats au règlement des arriérés de la campagne précédente et à un soutien clair de l’État. « Tant que les factures 2024 ne sont pas payées, les semenciers et huiliers restent prudents », explique Djibril Diop, vice-président de la chambre de commerce de Kaolack.

Avec une récolte annoncée comme l’une des plus abondantes de la décennie, tout se jouera donc dans les prochaines semaines autour de la fixation du prix officiel. Un arbitrage délicat qui devra concilier les légitimes attentes des producteurs, les impératifs des transformateurs et les contraintes budgétaires de l’État. La campagne 2025-2026 s’annonce déjà décisive pour l’avenir de toute la filière arachidière sénégalaise.




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