Menu
Le Portail de Thiès sur le Web
L'Actualité au Sénégal

COMMUNIQUÉ OFFICIEL : Gueum Sa Bopp annonce une saisine du Pôle judiciaire


Rédigé le Lundi 29 Décembre 2025 à 18:28 | Lu 44 fois Rédigé par


S’appuyant sur les constats du rapport ITIE 2024, le mouvement Gueum Sa Bopp prévoit de saisir le Pôle judiciaire financier concernant la gestion des revenus pétroliers au Sénégal.


 

Le mouvement Gueum Sa Bopp, connu sous l’appellation « Les Jambaars », a annoncé sa décision de déposer une plainte devant le Pôle judiciaire financier (PJF). Cette démarche, prévue ce mardi à 11 heures, repose sur les conclusions jugées graves et officiellement validées du rapport ITIE 2024, un document public endossé par l’État du Sénégal.

Selon le mouvement, ce rapport, dont la vocation est d’assurer la transparence dans la gestion des ressources extractives, met en évidence des dysfonctionnements profonds engageant la responsabilité politique, administrative et institutionnelle de l’État, y compris au sommet de l’exécutif.

La plainte vise, en fonction de leurs responsabilités respectives, le Premier ministre Ousmane Sonko, le ministre des Mines et de l’Énergie Biram Souley Diop, ainsi que le directeur général de PETROSEN, Talla Guèye. Gueum Sa Bopp précise qu’il ne s’agit ni d’une démarche politique ni d’un acharnement personnel, mais de l’exercice d’un droit citoyen face à des faits documentés, dont seule la justice peut apprécier la qualification.

Des écarts financiers relevés dans le rapport ITIE

Le rapport ITIE 2024 indique que le rapprochement des revenus extractifs pour l’année 2024 n’a couvert que 91,89 % des flux financiers, laissant apparaître un écart non réconcilié de 2,48 milliards de francs CFA. Bien que qualifié de « non significatif » au regard des normes ITIE, cet écart est jugé significatif sur les plans politique, financier et juridique.

Le document relève également que près de 7 % des paiements déclarés proviennent de formulaires non certifiés, en contradiction avec les exigences minimales de fiabilité, soulevant des interrogations sur le contrôle exercé par l’État.

Le cas du champ pétrolier de Sangomar

Le rapport met en avant des insuffisances majeures concernant le champ pétrolier de Sangomar. Bien que la production ait officiellement débuté en juin 2024, la part de production revenant à l’État sénégalais n’a été retracée dans aucune déclaration pour l’année concernée.

Des incohérences sont également relevées entre les données transmises par PETROSEN et celles de l’opérateur Woodside Energy, notamment sur les volumes de « Profit Oil ». Les recettes issues de cette production n’apparaissent qu’en 2025, alors que la commercialisation est intervenue en 2024, ce qui est présenté comme une défaillance sérieuse de gouvernance.

Questions de sincérité budgétaire

Le rapport confirme par ailleurs une pratique déjà signalée par la Cour des comptes : des paiements effectués et encaissés en 2024 ont été comptabilisés dans l’exercice 2023. Cette situation est décrite comme une atteinte au principe de sincérité des comptes publics.

Opacité du cadastre minier et des bénéficiaires effectifs

Le cadastre minier arrêté au 31 décembre 2024 est jugé incomplet, ne permettant pas d’identifier clairement l’ensemble des titres, renouvellements et transferts. Cette situation est présentée comme une source de fragilisation de la sécurité juridique et un facteur de tensions foncières.

Concernant les bénéficiaires effectifs, le rapport ITIE souligne l’absence d’informations essentielles, notamment sur les pourcentages de détention, les modalités de contrôle et l’identification des personnes politiquement exposées, limitant ainsi l’efficacité des mécanismes de prévention des conflits d’intérêts.

Des recommandations sans suite

Le document rappelle que les mêmes recommandations reviennent d’année en année : fiabilisation des déclarations, traçabilité des revenus pétroliers, complétude du cadastre et transparence sur les bénéficiaires effectifs. Selon Gueum Sa Bopp, ces constats répétés traduisent moins un manque de capacité qu’un défaut persistant de volonté politique.

Recours à la justice

Face à la gravité et à la récurrence des manquements relevés, le mouvement annonce la saisine du Pôle judiciaire financier, le rapport ITIE 2024 étant présenté comme pièce centrale du dossier. Gueum Sa Bopp estime que la transparence doit se démontrer par des comptes clairs et vérifiables, et que les corrections nécessaires doivent désormais s’opérer sous le contrôle de la justice.