Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a insisté lundi à Dakar sur la nécessité urgente de repenser les systèmes alimentaires en Afrique, lors de l’ouverture du Forum africain sur les systèmes alimentaires 2025, tenu au Centre international de conférences Abdou-Diouf de Diamniadio.
S’appuyant sur un rapport de la FAO publié en 2024, il a rappelé que plus de 700 millions de personnes souffraient encore de la faim dans le monde, un fléau particulièrement marqué en Afrique. Il a relevé que les pertes post-récoltes pouvaient atteindre jusqu’à 30 % de la production, conséquence directe des faibles rendements et des effets du changement climatique.
« Dans nos champs, la majorité des paysans travaillent à la force des bras, avec des outils rudimentaires, dépendant uniquement de quelques mois de pluie », a-t-il déclaré. Selon lui, cette dépendance à des phénomènes météorologiques imprévisibles réduit considérablement la capacité de production et entretient la sous-alimentation sur le continent.
Le chef de l’État a estimé que cette situation éloignait l’Afrique de l’objectif de développement durable numéro deux, qui vise l’éradication de la faim d’ici 2030. Pire encore, si la tendance actuelle se poursuit, le continent pourrait être le plus exposé à l’insécurité alimentaire.
Cependant, il a mis en avant les atouts de l’Afrique : ses vastes terres arables représentant environ 65 % du potentiel mondial et sa population jeune, dont 60 % a moins de 25 ans. « Avec de tels atouts, non seulement l’Afrique peut atteindre l’autosuffisance, mais elle pourrait aussi contribuer à nourrir le monde », a-t-il affirmé.
Le thème retenu pour ce forum — « La Jeunesse africaine : fer de lance de la collaboration, de l’innovation et de la transformation des systèmes agroalimentaires » — rejoint cette vision. Selon des projections, le continent comptera 2,5 milliards d’habitants en 2050, dont 600 millions de jeunes supplémentaires en âge de travailler.
Pour Bassirou Diomaye Faye, il est impératif d’associer la jeunesse aux politiques agricoles et de leur offrir une formation adaptée à une agriculture moderne, intensive et durable. « Nous sommes à un tournant décisif qui exige de placer les jeunes au cœur de nos stratégies de développement », a-t-il plaidé.