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Sénégal – Un détenu refuse de sortir de prison après avoir purgé sa peine : mystère autour du cas A. Diallo


Rédigé le Mercredi 6 Août 2025 à 17:13 | Lu 48 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


Condamné à dix ans de prison en 2015, A. Diallo aurait dû retrouver la liberté en juillet dernier. Contre toute attente, il a catégoriquement refusé de quitter sa cellule, affirmant que sa peine n’était pas terminée.


Sénégal – Un détenu refuse de sortir de prison après avoir purgé sa peine : mystère autour du cas A. Diallo
C’est une situation pour le moins déroutante qui se joue dans une prison sénégalaise. Alors que les portes de la liberté s’ouvraient enfin après dix années derrière les barreaux, A. Diallo, détenu depuis 2015, a dit non. Non à la sortie. Non à la réinsertion. Non à la liberté.

« Il refuse de sortir, dort dans sa cellule comme si tout était normal. Il dit qu’il n’est pas prêt », confie un agent du service social de l’établissement, encore stupéfait par cette posture rarissime. L’homme reste cloîtré dans sa cellule, refusant les démarches administratives de sortie, sans jamais hausser le ton, ni adopter une attitude agressive. Juste… il ne veut pas partir.

Un prisonnier qui réclame plus de prison ?

Pour les autorités pénitentiaires, le dossier est limpide : selon les registres judiciaires et le calcul légal, la peine d’A. Diallo a été intégralement purgée. Aucune condamnation supplémentaire, aucun contentieux en suspens. Sur le papier, il est libre. Mais dans sa tête, il resterait encore « cinq ans » à purger.

Aucun document ne vient corroborer cette affirmation du détenu. Pourtant, lui reste inébranlable : il affirme, avec calme, qu’une erreur s’est glissée dans les calculs, et qu’il a encore « des comptes à solder » avec la justice.

Une peur de l’extérieur ?

Ce refus soulève de nombreuses questions. S’agit-il d’un trouble psychologique, d’une peur panique de la vie hors des murs de la prison ? D’un traumatisme lié à l’enfermement prolongé ? Ou d’un acte symbolique, pour dénoncer quelque chose de plus profond ?

Certains experts évoquent le « syndrome de l’enfermement », où le détenu, après de longues années en prison, développe une dépendance à l’univers carcéral, au point de ne plus s’imaginer vivre ailleurs. Un phénomène rare, mais documenté dans plusieurs pays.

« La prison devient parfois une zone de confort, un cadre structuré qui effraie moins que la liberté, surtout quand le détenu n’a plus de repères, ni de famille, ni de soutien à l’extérieur », explique un psychologue pénitentiaire sous anonymat.

Et maintenant ?

Que faire d’un homme qui refuse sa liberté ? Peut-on forcer quelqu’un à quitter la prison, même s’il est désormais juridiquement libre ? D’un point de vue légal, la réponse est oui. Mais humainement, l’administration pénitentiaire semble pour l’instant privilégier l’écoute et la médiation.

Un suivi psychologique a été enclenché. Des travailleurs sociaux tentent de comprendre les raisons de ce comportement. A. Diallo, lui, ne manifeste aucun trouble majeur, reste calme et poli, mais reste convaincu qu’il doit encore « faire son temps ».

Un cas qui interroge le système carcéral

Cette affaire soulève des interrogations sur la préparation à la sortie des détenus au Sénégal. Existe-t-il un véritable accompagnement psychologique, social et professionnel pour les aider à se réinsérer ? Que devient un homme qui a tout perdu pendant dix ans et à qui l’on demande, du jour au lendemain, de recommencer sa vie dans une société qui l’a oublié ?

Le cas A. Diallo pourrait bien devenir une référence pour repenser la prise en charge de la fin de peine, et surtout la transition vers la liberté, trop souvent négligée dans les systèmes pénitentiaires africains.


Lat Soukabé Fall

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