La scène du drame
L’accident s’est produit en pleine circulation, à un carrefour très fréquenté de Rufisque. Selon des témoins, le bus roulait à vive allure lorsqu’il est entré en collision avec la moto. Le jeune conducteur, projeté violemment au sol, est resté inerte quelques minutes avant que les secours n’arrivent. Mais il était déjà trop tard : il avait succombé à ses blessures.
« C’était terrible. On a entendu un grand bruit, ensuite on a vu le corps du jeune allongé par terre. Les gens criaient, d’autres essayaient de le relever, mais il ne bougeait plus », raconte un commerçant installé à proximité de l’arrêt.
Une colère immédiate
À l’annonce de sa mort, la tension est montée d’un cran. Ses camarades conducteurs de Jakarta, très nombreux dans la zone, ont accouru. La douleur s’est vite transformée en colère. Dans un mouvement spontané, ils se sont attaqués à l’arrêt des bus, arrachant les installations, brisant les vitres et provoquant un désordre général.
« C’est devenu incontrôlable. On sentait la rage dans leurs yeux. Pour eux, c’est un frère qui est tombé, et ils estiment que les chauffeurs de bus ne respectent pas la vie des autres usagers », confie un riverain qui a assisté à la scène.
Les bus AFTU en grève illimitée
Face à cette situation explosive, les syndicats des transporteurs de bus AFTU ont tenu une réunion d’urgence. Dans un communiqué, le president Abass Sarr a annoncé une grève illimitée à partir de ce lundi, dénonçant les violences subies par leurs collègues et les saccages de leurs infrastructures.
« Nous ne pouvons pas continuer à travailler dans ces conditions. Nos chauffeurs sont agressés, nos véhicules détruits, et aucune protection n’est garantie. À partir de lundi, les bus resteront au garage jusqu’à nouvel ordre », a déclaré un représentant syndical.
Cette décision, si elle est maintenue, risque de paralyser fortement les déplacements quotidiens dans Rufisque et une partie de la banlieue dakaroise, où des milliers de passagers dépendent chaque jour des bus AFTU.
Une fracture dans le transport urbain
Ce drame met une nouvelle fois en lumière les tensions entre les différents acteurs du transport urbain au Sénégal. Les Jakarta, très populaires pour leur rapidité et leurs tarifs abordables, se heurtent souvent aux bus AFTU, qui les considèrent comme des concurrents dangereux et incontrôlés.
« Il n’y a pas de véritable régulation. Chacun veut gagner sa vie, mais sur la route, cela crée des conflits permanents », explique un sociologue spécialiste de la mobilité urbaine.
Les familles endeuillées et les appels au calme
Pendant ce temps, la famille du jeune défunt pleure sa perte. Ses proches dénoncent l’insécurité permanente à laquelle les conducteurs de Jakarta sont exposés et demandent justice.
« Mon fils est parti, et personne ne pourra me le ramener. Mais au moins qu’on dise la vérité sur ce qui s’est passé », a déclaré son père, les larmes aux yeux.
Les autorités locales et les forces de l’ordre, présentes sur les lieux, appellent à la retenue. Elles promettent une enquête pour établir les responsabilités et calmer les tensions.
Une situation qui interpelle
Ce tragique accident, au-delà de la douleur et de la colère, pose encore une fois la question cruciale de la sécurité routière et de la cohabitation entre les différents modes de transport dans les villes sénégalaises. Entre les bus surchargés, les motos-taxis imprudents et l’absence de régulation stricte, la route devient chaque jour un espace à haut risque.