D’après les éléments de l’enquête, le réseau démantelé fonctionnait selon un schéma bien rodé. De jeunes femmes nigérianes, souvent en situation de grande vulnérabilité, étaient attirées au Sénégal par de fausses promesses d’emplois lucratifs. Une fois arrivées à Kédougou, elles étaient dépouillées de leurs documents, isolées, puis soumises à une exploitation sexuelle systématique.
Les activités criminelles étaient dissimulées derrière des débits de boissons clandestins, ouverts et exploités sans autorisation administrative. Ces lieux servaient à la fois de vitrines légales et de centres d’exploitation, notamment autour des sites d’orpaillage clandestins, réputés pour leur forte fréquentation.
La chute d’« Aïcha » est le fruit de plusieurs mois d’investigations discrètes, mêlant filatures, recoupements d’informations et exploitation de témoignages de victimes. Les enquêteurs ont procédé avec prudence, conscients de la dangerosité du réseau et de la capacité de sa présumée cheffe à disparaître rapidement.
Le dossier s’est peu à peu étoffé grâce à des déclarations concordantes et à des preuves matérielles jugées accablantes. Le 24 décembre 2025, Esther John a finalement été déférée devant le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Kédougou.
La mise en cause est poursuivie pour :
Traite de personnes
Association de malfaiteurs
Complicité de faux
Lors de son audition, elle aurait livré des aveux partiels, tentant de se présenter comme un simple maillon du réseau. Une version que les enquêteurs réfutent, estimant qu’elle jouait un rôle central dans le recrutement, la surveillance et l’exploitation des victimes.
Plusieurs jeunes femmes ont été libérées à la suite du coup de filet. Profondément traumatisées, elles ont été placées sous protection et bénéficient d’un accompagnement psychologique et social, en collaboration avec des organisations spécialisées dans la lutte contre la traite humaine.
Les autorités n’excluent pas d’autres interpellations. Les investigations se poursuivent afin d’identifier les complices locaux et étrangers, ainsi que les éventuels circuits financiers liés à cette activité criminelle.
Cette arrestation constitue un signal fort des autorités sénégalaises face à la recrudescence des crimes liés à l’orpaillage clandestin dans la région de Kédougou. Elle rappelle surtout l’ampleur d’un fléau silencieux qui détruit des vies dans l’indifférence.
Les forces de sécurité appellent les populations à signaler toute activité suspecte, soulignant que la lutte contre la traite des personnes demeure une priorité nationale.

