À Kaolack, consommer régulièrement des fruits reste un luxe pour de nombreux habitants en raison de la flambée des prix, une situation que les commerçants expliquent par divers facteurs.
Dans le quartier Dialègne, boulevard El Hadji Ibrahima Niass, les conducteurs de moto-taxi “Jakarta” en témoignent. Mor Mbaye, l’un d’eux, avoue adorer les fruits mais ne pas pouvoir en acheter librement à cause de leur coût élevé. Son collègue Amsatou Diop renchérit : les fruits importés sont particulièrement chers. La poire, par exemple, est passée de 300 à 500 francs CFA. Pour contourner cette hausse, il privilégie désormais les produits locaux comme le “solome”, plus abordables, même s’il regrette le prix jugé excessif de la pastèque.
Un peu plus loin, Mamadou Aliou, vendeur de fruits installé près de l’hôpital régional, constate lui aussi que la clientèle juge les prix prohibitifs. Selon lui, la rareté et les coûts d’importation expliquent cette hausse. Une grappe de raisin, par exemple, se vend 2 000 francs CFA, tandis que la caisse de pommes est passée de 20 000 à 28 000 francs CFA.
Au marché “Syndicat”, considéré comme le principal lieu de vente de fruits de Kaolack, les grossistes avancent les mêmes arguments. Abdoulaye Diaw précise que les oranges importées parcourent un long circuit marqué par des frais de transport, dédouanement et manutention. Le sac d’oranges acheté à 18 000 francs CFA peut voir son prix évoluer rapidement. Toutefois, il espère une baisse lorsque la saison des oranges de Casamance commencera.
Dans une boutique de la route nationale numéro 4, Lamarana Diallo abonde dans le même sens. Selon lui, les prix instables sont dictés par les producteurs et importateurs, et se répercutent inévitablement sur les consommateurs. Il cite le cas de la clémentine, dont le kilo, autrefois vendu entre 1 000 et 1 500 francs CFA, atteint désormais 2 500 francs CFA.
Face à cette situation, El Hadji Abdou Badio, président régional de l’ASCOSEN, plaide pour la mise en place d’un Conseil national de la consommation doté de représentations locales, afin de réguler le marché. Il regrette également que la banane locale se vende au même prix que la banane importée, estimant que les produits nationaux devraient être plus accessibles.
Pour sa part, Adama Mouhamed Mbaye, chef du service régional du commerce, rappelle que le secteur des fruits est soumis à la liberté des prix. Les producteurs et importateurs fixent leurs tarifs en fonction de leurs charges, tout en respectant les normes de conservation, d’étiquetage et de poids.
🔎 aps