Les fortes pluies qui paralysent la banlieue dakaroise ont transformé les charrettes à traction équine en véritable alternative de transport. À Thiaroye-Sam-Sam, ces véhicules traditionnels, souvent relégués au second plan, sont devenus incontournables pour traverser les zones inondées.
Sous un soleil accablant, des charretiers de tous âges stationnent leurs calèches devant des commerces, attendant les clients. Dans ce décor marqué par les embouteillages, la pollution sonore et la suffocation des gaz d’échappement, leurs appels résonnent comme une solution providentielle.
« Fallou Warga – Arrêt Sam-Sam, 200 francs seulement ! », lance Amadou Ndao, un jeune charretier reconverti temporairement après l’arrêt des chantiers de construction. Depuis dix jours, il transporte des passagers dans les zones rendues impraticables par les eaux de pluie. « C’est rentable en attendant la reprise des chantiers », explique-t-il, tout en rassurant ses clients qu’ils ne seront pas éclaboussés.
Face à l’absence des taxis « clandos », incapables de circuler dans les ruelles étroites envahies par les inondations, la demande explose. Les passagers patientent en file indienne, s’interrogeant sur la prochaine charrette disponible.
Pour les charretiers, cette situation s’est traduite par une véritable aubaine économique. Badara Sy, sexagénaire, confie avoir triplé ses revenus : « De 4 000 à 5 000 francs CFA, je gagne désormais entre 12 000 et 15 000 francs CFA par jour. »
Mais derrière cette embellie, des revendications persistent. Les conducteurs réclament un espace dédié pour stationner, estimant que leurs charrettes jouent un rôle aussi crucial que les autres moyens de transport dans la banlieue dakaroise. « Nous devons nous garer devant les magasins faute d’espace prévu », regrette Modou Diouf, charretier depuis près de quatre décennies.
🔹aps