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Fraude au BFEM à Mbour : trois élèves condamnés avec sursis, un relaxé


Rédigé le Mercredi 30 Juillet 2025 à 02:45 | Lu 57 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


Le tribunal de grande instance de Mbour a rendu ce mardi son verdict dans une affaire de fraude au Brevet de Fin d’Études Moyennes (BFEM) qui a profondément ébranlé la confiance dans l’organisation des examens scolaires au Sénégal. Quatre élèves étaient poursuivis pour avoir participé à la diffusion anticipée de sujets d’épreuves, notamment ceux d’anglais, de sciences de la vie et de la terre (SVT), et de français.


Une affaire qui, bien au-delà des bancs du tribunal, a mis à nu les failles d’un système sous pression.

Fraude au BFEM à Mbour : trois élèves condamnés avec sursis, un relaxé

Des faits graves dans un climat tendu

Tout commence quelques jours avant le lancement des épreuves écrites du BFEM, session 2025. Sur les réseaux sociaux, des rumeurs font état de fuites de sujets. Des captures d’écran circulent dans plusieurs groupes WhatsApp entre collégiens. Le 22 juillet, veille de l’épreuve d’anglais, des sujets identiques à ceux qui seront distribués le lendemain sont retrouvés sur plusieurs téléphones d’élèves.

Une enquête est aussitôt ouverte par le commissariat central de Mbour, à la suite d’un signalement du service des examens de l’académie. Quatre élèves, tous scolarisés dans des établissements différents de la région de Mbour, sont rapidement identifiés, interpellés et placés en garde à vue.

Le parquet a retenu contre eux les chefs d’accusation suivants : fraude aux examens, divulgation de documents officiels confidentiels, et atteinte à l'intégrité du processus éducatif.

 

Un procès très suivi

Ce mardi, le public s’est déplacé en nombre dans la salle d’audience. Parents d’élèves, enseignants, membres de syndicats et représentants du ministère de l’Éducation nationale étaient présents. Le procès, d’abord à huis clos en raison de l’âge des prévenus (tous mineurs au moment des faits), s’est ensuite déroulé en partie en audience publique pour permettre un "exemple pédagogique", selon les mots du juge.

À la barre, les quatre jeunes ont reconnu partiellement les faits. L’un d’entre eux a admis avoir reçu les sujets via un groupe WhatsApp, mais nié toute participation à leur diffusion. Les trois autres ont avoué avoir partagé les documents avec d’autres élèves, pensant "aider des camarades" sans mesurer la gravité de leur acte.

 

Un verdict nuancé

Dans son délibéré, le tribunal a souligné la gravité des faits, tout en prenant en compte la minorité des accusés, leur absence de casier judiciaire, et leur statut d’élèves encore en formation.

Un élève a été relaxé, faute de preuve directe de sa participation à la fuite ou à la diffusion des sujets.

Les trois autres ont été condamnés à des peines de 3 à 6 mois de prison avec sursis, assorties de mesures éducatives, notamment un suivi psychopédagogique et des travaux d’intérêt général au sein d'établissements scolaires.

Le juge a estimé que ces sanctions étaient "suffisantes pour faire prendre conscience aux prévenus — et à la communauté scolaire — de la gravité de la tricherie et de ses conséquences sur l’ensemble du système éducatif".

 

Une onde de choc dans le monde éducatif

Du côté du ministère de l’Éducation nationale, on salue la célérité de la justice, mais on reconnaît également que cette affaire soulève des questions de fond sur la sécurisation des examens.

> "Ce n’est pas seulement la faute de ces jeunes. Il y a des adultes derrière ces fuites. L’enquête doit continuer", a déclaré un syndicaliste enseignant présent à l’audience.

 

Une commission interne a été créée pour revoir le circuit de distribution des sujets, de l’Imprimerie nationale jusqu’aux centres d’examen. Certains réclament même l’instauration d’un système de codage numérique et une livraison sécurisée des épreuves en ligne, comme cela se fait dans certains pays africains.

 

Et après ?

Les trois élèves condamnés ne sont pas définitivement exclus du système éducatif. Ils pourront repasser l’examen l’an prochain, selon la décision du tribunal, qui a insisté sur la nécessité de leur donner une seconde chance. Mais leur dossier scolaire gardera trace de cette sanction.

Pour l’élève relaxé, c’est un soulagement teinté d’amertume : "J’ai passé une semaine en cellule pour rien. J’ai raté mes examens alors que je n’avais rien fait", a-t-il déclaré à la sortie du tribunal, les yeux rougis.

 

Cette affaire restera comme un signal d’alarme. À l’heure où les examens nationaux se veulent garants de l’équité et du mérite, la lutte contre la fraude doit désormais s’étendre bien au-delà des candidats : vers les sources, les complicités invisibles, et les failles d’un système encore trop vulnérable.



Lat Soukabé Fall

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