
« L’idée est de lancer la monnaie unique avec ceux qui sont prêts. Ceux qui ont besoin de plus de temps seront soutenus », a affirmé le Dr Touray, marquant un tournant majeur dans la stratégie d’intégration monétaire de la région.
Une intégration « flexible » pour contourner l’impasse
Depuis plus d’une décennie, l’Eco incarne l’ambition d’une souveraineté économique régionale. Mais son avènement a été systématiquement repoussé, en raison de la difficulté pour les 15 pays membres à satisfaire les critères de convergence macroéconomique, notamment le déficit budgétaire, l’inflation maîtrisée et les réserves de change.
Face à cet obstacle persistant, la CEDEAO opte désormais pour une approche pragmatique : avancer avec les États prêts, tout en laissant la porte ouverte aux autres.
« Ceux qui ne remplissent pas encore les critères seront accompagnés », a insisté le président de la Commission, qui se veut rassurant quant à l'inclusivité future du projet.
Une promesse renouvelée, mais des défis immenses
Ce changement d’approche intervient dans un contexte sous-régional troublé. L’instabilité politique dans plusieurs pays (Mali, Burkina Faso, Guinée), les tensions autour du franc CFA, et la montée du sentiment souverainiste ont ébranlé l’unité monétaire rêvée.
Pour autant, la CEDEAO n’entend pas reculer davantage. En fixant 2027 comme échéance ferme, elle espère raviver la dynamique régionale autour de l’Eco, considéré comme un symbole fort d’intégration et de rupture avec les modèles hérités de la colonisation.
Une avancée saluée mais attendue au tournant
L’annonce de Touray suscite déjà des réactions mitigées. Certains saluent un acte de réalisme politique, tandis que d’autres pointent un risque de fragmentation, voire une monnaie à deux vitesses.
« Il faudra veiller à ne pas créer une zone monétaire bancale, avec des disparités trop fortes entre les pays fondateurs et les retardataires », avertit un économiste de la BCEAO.