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Deuil, tension et justice : le retour douloureux de Serigne Touré


Rédigé le Mardi 30 Septembre 2025 à 10:35 | Lu 59 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


À peine revenu du Canada pour enterrer son père, le maître coranique Serigne Issa Touré, tragiquement retrouvé mort dans un puits, Serigne Touré (42 ans) n’imaginait pas que son séjour au Sénégal prendrait une tournure judiciaire. Ce restaurateur, encore marqué par le deuil, s’est retrouvé devant le Tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye, aux côtés de son cousin Oumar Gackou (44 ans).


Le procès, relaté par L’Observateur, a captivé la salle d’audience, tant les circonstances de cette affaire mêlaient douleur familiale, incompréhensions et tensions sur la voie publique.

Une soirée ordinaire qui vire à la confusion

Tout avait commencé quelques jours plus tôt, à la Sicap-Foire. Après avoir accidentellement percuté une construction en bordure de route, les deux cousins avaient vu leur pare-brise voler en éclats. Décidés à réparer leur véhicule avant de poursuivre leurs démarches familiales, ils prirent la direction de Thiaroye, à la recherche d’un mécanicien disponible.

Mais sur le chemin du retour, au niveau du rond-point de Thiaroye, un Agent de sécurité de proximité (ASP) leur intima l’ordre de s’arrêter. Le véhicule, encore endommagé, attira rapidement son attention. C’est là que les choses dégénérèrent.

Selon le rapport de la police, Serigne Touré et son cousin auraient refusé d’obtempérer, menaçant l’agent et tentant de repartir malgré les consignes. Les forces de l’ordre les accusent d’avoir foncé sur l’ASP, un geste interprété comme une mise en danger de sa vie.

“Vous ne savez pas qui nous sommes…”

À la barre, le restaurateur, visiblement ému et encore affecté par la perte de son père, a reconnu avoir filmé la scène avec son téléphone. Oui, il avait bien prononcé la phrase : « Vous ne savez pas qui nous sommes… » — une réaction impulsive, selon lui, face à un contrôle qu’il jugeait arbitraire.

Mais il a catégoriquement nié toute volonté de blesser ou d’intimider l’agent. « J’étais épuisé. J’avais passé la journée à régler des affaires de succession. Je n’ai pas supporté la tension », a-t-il confié d’une voix lasse.

Son avocat, plaidant la clémence, a insisté sur le contexte : un homme en plein deuil, confronté à la rigidité d’un contrôle en pleine rue, dans un moment de fragilité émotionnelle. « Il n’est pas question ici d’arrogance, mais d’un état psychologique altéré par la douleur et la pression familiale », a-t-il plaidé.

Le verdict du tribunal

Le procureur, de son côté, n’a pas été sensible à ces arguments. Pour lui, les faits restaient graves : « On ne peut tolérer que des citoyens s’opposent à un agent en service. La loi doit être respectée. » Il avait requis trois mois de prison ferme contre chacun des prévenus.

Mais le tribunal, après délibération, a choisi la voie de la mesure. Il a relaxé Serigne Touré et Oumar Gackou des chefs de violences et de mise en danger de la vie d’autrui, ne retenant que la rébellion et l’outrage.

Le verdict est tombé dans un silence pesant :

  • Deux mois de prison avec sursis pour Serigne Touré,

  • Un mois avec sursis pour son cousin Oumar Gackou.

Une sentence symbolique, marquant la gravité des faits sans ignorer le contexte humain.

Un retour au pays aux allures de cauchemar

Pour Serigne Touré, ce séjour au Sénégal restera gravé comme un double choc : celui de la perte paternelle, et celui d’une comparution publique où il dut répondre de ses actes devant la justice.

« Je voulais juste rentrer chez moi, faire mes prières pour mon père », a-t-il murmuré en quittant la salle, tête baissée.
Un retour au pays natal qui devait être un adieu pieux… et qui s’est transformé en douloureuse leçon de vie.



Lat Soukabé Fall

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