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Le Sénégal revoit le financement et le modèle économique de ses universités dans le cadre de l’ANTESRI 2025-2050


Rédigé le Mercredi 16 Juillet 2025 à 10:21 | Lu 44 fois Rédigé par


Le ministre Abdourahmane Diouf a annoncé une refonte du financement des universités sénégalaises à travers l’Agenda national de transformation de l’enseignement supérieur, qui sera lancé ce jeudi.


 


Le Sénégal s’engage dans une réforme profonde du financement universitaire

Le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdourahmane Diouf, a déclaré que la question du financement et du modèle économique des universités sera au centre des concertations prévues dans le cadre de l’Agenda national de transformation de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (ANTESRI), une initiative étalée sur la période 2025-2050.

« Le président de la République nous a demandé de tendre vers une meilleure maîtrise budgétaire et de bâtir un véritable modèle économique pour nos universités. C’est une orientation révolutionnaire », a-t-il affirmé lors d’un point de presse organisé mardi, en prélude au lancement de l’ANTESRI prévu jeudi au CICAD.

Le ministre a rappelé que le système universitaire fonctionne, depuis les indépendances, sur un schéma économique inchangé. Les concertations à venir viseront donc à redéfinir les mécanismes de financement, en analysant notamment l’utilisation des subventions accordées par l’État depuis 1960.


Des taux d’abandon préoccupants malgré des investissements importants

Abdourahmane Diouf a souligné l’importance de rationaliser les dépenses publiques à travers une meilleure allocation des budgets. Il a révélé que le taux brut de diplomation dans les trois premières années est de seulement 16,91 %, ce qui signifie que moins de deux étudiants sur dix obtiennent leur diplôme dans les délais.

Entre 2014 et 2021, le taux d’abandon précoce s’élevait à 23,44 %, soit environ 66 000 étudiants, dont 16 800 ayant quitté les études avant d’atteindre la durée minimale de diplomation. « Cela montre l’urgence de revoir l’affectation des fonds publics dans l’enseignement supérieur », a-t-il martelé.


Un coût élevé pour l’État et un encadrement insuffisant

Le Sénégal compte actuellement 286 169 étudiants répartis dans 9 universités publiques et 15 écoles doctorales. Le corps professoral est composé de 2 495 enseignants titulaires, auxquels s’ajoutent environ 6 000 vacataires. Le ratio moyen d’encadrement est ainsi de 1 enseignant pour 16 étudiants.

Selon le ministre, l’État consacre chaque année plus de 1,7 million de FCFA par étudiant. Ce montant se répartit entre 542 000 FCFA pour les coûts pédagogiques et 636 000 FCFA pour les dépenses sociales. À cela s’ajoutent plus de 76 milliards de FCFA alloués aux bourses nationales, 7 milliards aux bourses étrangères, et 24 milliards de transferts directs aux étudiants entre 2024 et 2025.


Vers une transformation durable du secteur

L’initiative de transformation ANTESRI, qui constituera la stratégie nationale du secteur pour les 25 prochaines années, s’inscrit dans une volonté de rupture. Elle devra également aborder les questions liées à la finalisation des infrastructures universitaires, au développement du capital humain, et à la réorganisation de la carte universitaire nationale.

L’agenda intégrera enfin les enjeux contemporains, notamment l’usage du numérique et le développement de l’intelligence artificielle dans l’enseignement supérieur.

Un comité de pilotage de 15 membres présidé par le professeur Boubacar Diop, dit Buuba, a été mis en place. Il supervisera huit commissions thématiques chargées de piloter cette vaste réforme.

aps