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Pâques au Sénégal : le coût du “ngalakh” explose, les ménages s’adaptent à la flambée des prix


Rédigé le Jeudi 17 Avril 2025 à 18:44 | Lu 132 fois Rédigé par


À l’approche de Pâques, les prix des ingrédients du traditionnel “ngalakh” grimpent dans les marchés sénégalais, forçant de nombreuses familles à revoir leurs quantités ou leurs habitudes pour perpétuer cette tradition chrétienne.


 

Alors que Pâques approche à grands pas, marquant la fin du carême pour la communauté chrétienne, les marchés sénégalais voient les prix des produits essentiels à la préparation du “ngalakh” s’envoler. Ce mets symbolique, consommé le Vendredi saint, est composé de couscous de mil, de pâte d’arachide et de pulpe de baobab, auxquels s’ajoutent souvent sucre, raisins secs, coco râpé ou muscade.

Malgré un bon approvisionnement des marchés, comme celui de Tilène à la Médina, les vendeurs constatent une affluence bien en dessous de la normale. Khadim Sall, commerçant local, évoque une ambiance inhabituelle : “L’année dernière à la même période, le marché était noir de monde. Aujourd’hui, il est presque désert.”

Cette baisse de fréquentation s’explique par une conjoncture économique difficile. De nombreux ménages, bien qu’attachés à la tradition, n’ont pas les moyens de céder à la dépense festive et se contentent du strict minimum pour ne pas faire l’impasse sur le partage du “ngalakh”.

Les prix ont connu une forte inflation : un seau de 20 kg de pâte d’arachide se vend désormais entre 18 500 et 22 000 francs CFA, tandis que le sac de sucre de 50 kg dépasse les 26 000 francs CFA. La pulpe de baobab, le mil transformé, les essences et autres ingrédients suivent la même courbe ascendante.

Certains consommateurs se tournent alors vers des alternatives moins coûteuses, comme la semoule de mil déjà prête. Badara, propriétaire d’un moulin à Tilène, justifie cette hausse par le coût de transformation des produits : “Nous achetons plus cher, nous payons la main-d'œuvre pour le grillage et le broyage, et l’électricité aussi coûte plus cher.” Résultat : le prix de la bassine de mil moulu atteint 800 francs CFA, selon Issa, meunier au marché Fass.

Face à cette réalité, des familles réduisent leurs quantités. Raïssa, chrétienne fidèle rencontrée avec son mil, affirme : “On fera moins cette année. C’est trop cher.” D’autres, comme Elyane, refusent catégoriquement de diminuer leur production : “C’est une question de respect envers nos voisins musulmans qui, pour la Korité, nous offrent aussi du ngalakh. On ne peut pas se défiler.”

Pour cette dernière, ce dessert n’est pas seulement un mets traditionnel, mais un geste de foi et de cohésion sociale : “Ce n’est pas une obligation religieuse, mais un symbole fort. Et peu importe les difficultés, nous croyons que Dieu nous donnera toujours de quoi en faire pour partager.”

aps




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