Thièsinfo - Votre source d'actualités à Thiès, Sénégal

Menu
L'Actualité au Sénégal

Mariage précoce à Thiès : le lourd fardeau de Arame, mariée à 15 ans


Rédigé le Samedi 26 Juillet 2025 à 22:06 | Lu 45 fois Rédigé par Lat Soukabé Fall


Dans un quartier périphérique de Thiès, Arame, aujourd’hui âgée de 28 ans, s'assoit à l'ombre d’un manguier. Son regard est fatigué, mais digne. Mariée de force à 15 ans, elle est aujourd’hui mère de six enfants. Son quotidien est rythmé par les cris des plus jeunes, les tâches ménagères, et des douleurs physiques persistantes qui ne la quittent plus.


Mariage précoce à Thiès : le lourd fardeau de Arame, mariée à 15 ans
"Je n’étais qu’une enfant. Je ne savais même pas ce que signifiait être épouse ou mère. Mais mes parents ont décidé pour moi. Ils pensaient que c’était mieux que je me marie jeune, pour ne pas ‘déshonorer’ la famille", raconte-t-elle d’une voix douce. Arame a quitté l’école en classe de 4e. À peine un an plus tard, elle était enceinte de son premier enfant. Sans suivi médical adéquat, l’accouchement a été long, difficile et traumatisant. Depuis, son corps souffre de séquelles : douleurs pelviennes, fatigue chronique, problèmes gynécologiques."J’ai eu mes six enfants en moins de 10 ans.

Mon corps est usé. Parfois, je n’arrive même plus à me lever du lit." Un phénomène encore trop répandu. Le mariage précoce reste une réalité dans plusieurs régions du Sénégal, notamment à Thiès, malgré les lois en vigueur. Selon l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), plus de 30% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. Pour l’imam du quartier, le phénomène est aussi lié à des traditions et à une méconnaissance des conséquences : > "Nous pensons parfois que marier tôt nos filles les protège. Mais en réalité, cela les expose à des souffrances énormes, surtout sur le plan de la santé et de l’éducation." --- Des conséquences dramatiques Le docteur Diouf, gynécologue dans un hôpital à Thiès, confirme que les cas comme celui de Arame sont fréquents : "Le corps d’une adolescente n’est pas prêt pour porter une grossesse.

On observe des complications : fistules obstétricales, fausses couches, dépressions post-partum, et parfois même des décès." En plus des problèmes de santé, le mariage précoce prive les filles de leur droit fondamental à l’éducation, les enfermant souvent dans un cycle de pauvreté. --- Des voix s’élèvent Des ONG locales, comme Voix des Filles de Thiès, mènent des campagnes de sensibilisation pour retarder l’âge du mariage et encourager la scolarisation des filles. Aminata, éducatrice communautaire, est catégorique :"Chaque fille a le droit de grandir, d’étudier, de choisir son destin. Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra briser le cercle du mariage précoce." L'espoir malgré tout Aujourd’hui, malgré ses douleurs, Arame veut que ses filles aient un avenir différent. Elle les envoie toutes à l’école et participe activement aux réunions de sensibilisation dans le quartier. "Je ne veux pas que mes filles vivent ce que j’ai vécu. Elles doivent avoir le choix. Le mariage viendra, mais au bon moment, quand elles seront prêtes."


Lat Soukabé Fall

Nouveau commentaire :